L'âge pivot, fixé à 64 ans dans la nouvelle réforme des retraites voulue par le gouvernement, n'en finit pas de causer des remous. Pour expliquer son rejet, la CFDT invoque la situation des salariés qui ont commencé à travailler jeunes et qui devront rester en activité plus longtemps que prévu s'ils ne veulent pas subir une décote sur leur retraite. Mais il y a une autre population qui risque de pâtir de cette mesure : les chômeurs, qui arrivent à l'âge de la retraite. Pour eux, l'effet-couperet sera automatique, dénonce l'association Solidarités nouvelles face au chômage, qui évoque "une injustice".
Aucune alternative
Pour le salarié, le choix sera clair : attendre l'âge pivot pour partir à la retraite, ce qui lui permettra de toucher sa pension à taux plein, ou décider de partir plus tôt en sachant que, dans ce cas-là, sa pension sera amputée de 5 voire 10%. Pour le chômeur, et c'est tout le problème, l'alternative n'existera pas dans les faits.
La personne sans emploi subira quoi qu'il arrive la décote liée à l'âge pivot. Car dès qu'un chômeur arrive à l'âge de la retraite avec tous ses droits, il sort du régime de l'assurance-chômage et devient retraité. La bascule est automatique. "Il n’a pas le choix de poursuivre son activité puisque par hypothèse il est au chômage,donc il n’y a aucune option possible pour lui", explique Jean-Paul Domergue, de l'association Solidarités nouvelles face au chômage. "Il subit cette cette situation à la différence d'un salarié, donc c'est tout à fait injuste."
Une injustice qui existe déjà pour les retraites complémentaires, rappelle Jean-Paul Domergue, avec l'abattement de 10% sur la pension Agirc-Arrco quand on prend sa retraite avant 63 ans. A ceci près que l'abattement ne s'applique que pendant les trois premières années de la retraite, alors qu'avec l'âge pivot projeté par le gouvernement, la décote s'appliquerait pendant toute la durée de celle-ci.