C'est la profession la plus visible dans la contestation contre la réforme des retraites derrière les cheminots et les agents de la RATP. Les profs se sont massivement mobilisés dès le premier jour de mobilisation, jeudi dernier avec 51,15% des enseignants grévistes dans le primaire, et devraient être encore une fois nombreux ce mardi, pour la deuxième journée de manifestations. Mais contrairement à la SNCF et à la RATP, les profs ne font pas partie des 415.000 salariés sous régimes spéciaux, alors pourquoi sont-ils autant en pointe dans la mobilisation ?
La fin du calcul de pension sur les six derniers mois de carrière
Le cœur de la fronde des profs, c'est la crainte de voir leur pension de retraite fondre avec le passage au système par points. Car si le nouveau système est mis en place, c'est l'ensemble de la carrière d'un professeur qui sera prise en compte pour calculer sa pension, et non plus les six derniers mois comme c'est actuellement le cas. Mais prendre en compte l'intégralité de la carrière, cela signifie surtout donner une importance financière aux premières années, celles où un jeune prof bac+5 touche 1.600 euros net et voit son salaire progressé lentement, avant de ne bénéficier d'un coup de pouce qu'à l'approche de la retraite.
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Or, c'est justement grâce à ce calcul sur les six derniers mois qu'un professeur peut avoir une pension comparable à un salarié du privé. Toute la question pour le gouvernement est donc de compenser cette baisse mécanique avec la mise en place du système à points. Le gouvernement a tout d'abord affiché sa volonté d'intégrer les primes dans le calcul de la retraite, mais cela n'a pas suffit, puisque "les enseignants n'ont quasiment pas de primes", expliquait au micro d'Europe 1 la secrétaire générale de la FSU Bernadette Groison.
Revaloriser les salaires, ou donner plus de primes
Faudrait-il alors mettre fin à la pénurie de primes pour les profs, ou augmenter directement les salaires ? Ce sont les deux nouvelles pistes évoquées par le gouvernement. Et même si cela va coûter entre 400 et 500 millions d'euros par an, différents ministres assurent que cela se fera. Mais les syndicats, eux, sont dubitatifs, et enragent de voir qu'on se préoccupe tout d'un coup de ce problème, alors que ça fait des années qu'ils réclament une revalorisation du métier d'enseignant.