Le gouvernement pose les prémices de sa future réforme du lycée et du bac. Le ministère de l'Education nationale lance une mission lundi, et dont les rênes ont été confiées à l'ancien directeur de Sciences-Po Lille, Pierre Mathiot. Il a deux mois pour entendre tous les acteurs du lycée - chefs d'établissement, inspecteurs ou encore représentants des professeurs - et proposer une réforme. "Je n'ai pas accepté cette responsabilité pour faire des ajustements techniques ici ou là", a-t-il prévenu dans un entretien à EducPros.fr. C’est donc une réforme de taille qui se profile.
Un bac avec moins d'épreuves. L'idée forte de cette mission, c'est d'abord de simplifier le bac, en proposant un examen avec seulement quatre ou cinq disciplines et le reste en contrôle continu. Mais toute la difficulté va être de faire accepter à certains professeurs que leur matière ne figure plus à l'examen national, ou alors proposer des épreuves interdisciplinaires. Le ministère veut redonner du sens au bac, et en finir avec les 21 sur 20 et les options qui multiplient les mentions "Très bien" et les dévalorisent. Pour Pierre Mathiot, il faut qu'un 18 en sciences vaille réellement 18, et que les élèves aient un niveau suffisant pour poursuivre leurs études.
Vers la fin des filières L, ES, S ? Cette remise en cause devrait également se traduire par un bouleversement des trois années du lycée, qui doit entrer en vigueur dès septembre 2018 pour les classes de seconde, et qui pourrait aller jusqu'à une suppression des filières L, ES et S, à la faveur d'un parcours plus "à la carte", avec des modules que chacun pourra choisir en fonction de son orientation.
Surtout, la réforme annoncée des filières professionnelles et de l'apprentissage pourrait mettre un terme à l'objectif du Bac pour tout le monde. Le ministère dit regarder avec intérêt les modèles qui fonctionnent comme l'Allemagne, où les jeunes sont formés directement par les entreprises.
En Allemagne, un bac peu couru
Toutes filières confondues, on ne compte que 40% de bacheliers en Allemagne, un chiffre en forte progression cependant. Il y a quarante ans, seul 10% des Allemands avaient leur "Abitur", cet équivalent du Bac. Car outre-Rhin, ce diplôme est fait avant tout pour les lycéens qui se destinent à des études longues, voire à une carrière universitaire.
Les autres bons élèves n'ont, en théorie, pas besoin de ce diplôme élitiste pour entamer leurs études. Dès l'âge de 17 ou 18 ans, ils sont orientés vers des filières de formation duales, c'est à dire qu'elles combinent une part d'enseignement théorique, et une part plus pratique, passée en entreprise. C'est le cas, par exemple lorsque l'on veut faire du commerce, un métier dans la banque ou encore de la communication.
Ces formations rémunérées ont longtemps été plus prisées que le bac. En effet, pour les parents c'est la garantie que leurs enfants connaissent un métier avant de rejoindre éventuellement l'université pour compléter leur cursus. C'était aussi traditionnellement le modèle de l'industrie, même si depuis une vingtaine d'années l'Allemagne développe de hautes écoles sur le modèle des écoles d'ingénieurs françaises.