Le maire de Saint-Brévin en Loire-Atlantique, commune où un projet de centre d'accueil de demandeurs d'asile (Cada) suscite une vive opposition, a annoncé mercredi avoir adressé sa démission au préfet "pour des raisons personnelles". "Ce mardi 9 mai, j'ai adressé à Monsieur le préfet de Loire-Atlantique un courrier informant ce dernier de mon souhait de démissionner de mon mandat de maire de Saint-Brévin-les-Pins", a écrit mercredi soir Yannick Morez (DVD), sur la page Facebook de la commune.
Une décision "personnelle"
"J'ai pris cette décision pour des raisons personnelles, notamment suite à l'incendie criminel perpétré à mon domicile et au manque de soutien de l'Etat et après une longue réflexion menée avec ma famille", explique Yannick Morez. Le domicile du maire a été visé, le 22 mars, par un début d'incendie, objet d'une enquête criminelle. "J'ai toute confiance en mon équipe, une équipe compétente (...) qui continuera à agir au service de notre ville et de ses habitants. Après 15 ans de présence dans le Conseil municipal, dont 6 ans en tant que maire, je pars en étant confiant dans l'avenir", conclut le maire démissionnaire. Selon les informations de Ouest France, Yannick Morez quittera également la commune prochainement.
Sollicitée par l'AFP mercredi soir, la préfecture de Loire-Atlantique n'était pas en mesure de confirmer avoir reçu la démission de Yannick Morez. Saint-Brévin est, depuis plusieurs mois, le centre de tensions consécutives à un projet de déménagement sur la commune d'un CADA. Plusieurs manifestations contre ce projet de déménagement y ont été organisées, dont la dernière fin avril, à l'appel de l'extrême-droite, en particulier la mouvance autour de "Reconquête", le parti d'Eric Zemmour.
Un candidat "Reconquête" présent à une manifestation
Parmi les intervenants lors de la manifestation du 30 avril à Saint-Brévin, Bernard Germain, un candidat de "Reconquête" aux dernières législatives dans les Côtes d'Armor. Bernard Germain était le porte-parole du comité hostile à un projet d'accueil de personnes ayant obtenu le statut de réfugiés, assorti d'un permis de résidence accordé par l'Etat, à Callac (Côtes d'Armor).
Face aux pressions de l'extrême-droite et aux tensions dans la commune, la municipalité de Callac avait finalement renoncé en janvier au projet, porté par une fondation privée, contrairement à Saint-Brévin où le projet contesté est porté par l'Etat. Interrogé par l'AFP fin mars, le maire de Saint-Brévin avait rappelé que 400 demandeurs d'asile ont été au total accueillis sur la commune depuis l'ouverture du CADA il y a sept ans. Et, soulignait-il, "il n'y a jamais eu le moindre souci".
Des mesures de protection pour le maire
Dans une note qu'Europe 1 a pu consulter, Yannick Morez a également sollicité le sous-préfet de Loire-Atlantique le 7 mai dernier, afin que soit déployée pour lui et son épouse, une force de sécurité chargée de leur protection. D'après la réponse du sous-préfet Michel Bergue, le maire et sa femme sont donc désormais inscrits au logiciel de la gendarmerie de leur domicile, ce qui permet de déclencher une intervention immédiate des forces de l'ordre en cas d'alerte.
Un échange régulier entre la brigade de gendarmerie et l'édile est également activé, ainsi que des patrouilles de nuit régulières devant son domicile. Des mesures de protection dont bénéficie également le maire du Belâbre, dans l'Indre.