Depuis 2013, sur quatre des onze sites du groupe Renault situés en France (Cléon, Douai, Sandouville, Le Mans), au moins dix suicides de salariés et six tentatives ont été recensés par les syndicats et Le Parisien qui révèle l'information mardi.
Un mal-être au travail. Les cas de burn-out se sont multipliés mais aussi les dépressions et la manifestation de stress parmi les salariés de Renault. Mais certains vont plus loin en se suicidant sur leur lieu de travail. En 2013, un mécanicien de nuit de 35 ans s'était pendu à l'usine de Cléon (Seine-Maritime).
Il avait laissé une lettre adressée à sa direction dans laquelle il avait écrit : "Tu expliqueras ça à mes [deux] filles, Carlos", pour désigner Carlos Ghosn, le PDG du groupe. Sur ce même site, les syndicats rapportent quatre suicides ou tentatives parmi les détenteurs d'un CDI, en 2016.
Des conditions de travail répandues dans tout le groupe. Un mal-être que l'on retrouve également à Sandouville (Seine-Maritime) où un père de famille d'une quarantaine d'années a été trouvé (vivant), une corde au cou et une pancarte mentionnant "ils m'ont tué", accompagné des noms de ses chefs d'atelier. Un rapport de la médecine du travail, consulté par Le Parisien, recensait 136 burn-out sur les 9.600 salariés du Technocentre de Guyancourt (Yvelines).
Une grosse pression. En cause, des conditions de travail de plus en plus difficiles. Les syndicats interrogés par le quotidien dénoncent une pression liée à l'accord de compétitivité signé en 2013, des cadences infernales pour les ouvriers mais aussi un recours abusif aux intérimaires qui sont "exploités".
"Depuis 2013, 8.000 emplois sur 34.000 ont été supprimés", rappelle William Audoux, de la CGT Cléon. "Les ateliers, les bureaux d'étude et la maintenance se sont vidés en laissant des piles de dossiers sur les bureaux."
Seulement des cas isolés pour Renault. La direction de Renault refuse d'attribuer ces suicides ou tentatives à des conditions générales de travail. "Nous contestons le fait d'agréger des cas individuels", s'est-elle défendue auprès du Parisien. "Chaque cas est unique, différent et attaché à une histoire personnelle". Le groupe met plutôt en avant un retour vers le dialogue social au niveau local avec l'accord "Cap 2020" signé avec trois syndicats.