L'Assemblée nationale a voté lundi soir pour rajouter près de 12 milliards d'euros de crédits en faveur de la rénovation thermique des logements, des amendements de gauche adoptés au grand dam du gouvernement lors de l'examen du projet de budget. Le RN a apporté son soutien à ces amendements écologiste et PS. Même si le gouvernement ne les retiendra probablement pas dans la version finale du budget, c'est un nouveau revers pour le camp présidentiel privé de majorité absolue à l'Assemblée.
Les oppositions ont étrillé le bilan de "MaPrimeRénov'", le mécanisme d'aide à la rénovation mis en place en 2020. Les députés ont adopté coup sur coup un amendement écologiste de 6,85 milliards de crédits, puis un autre socialiste de 5 milliards d'euros supplémentaires, malgré les appels des macronistes à la "responsabilité".
Le gouvernement gronde
La députée EELV Eva Sas a réclamé d'"aller beaucoup plus loin" en matière de "rénovation globale" des logements. "Vous n'êtes pas à la hauteur", a-t-elle lancé au gouvernement. Le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, a pointé un manque de "cohérence" des oppositions qui rajoutent des "milliards d'euros à un dispositif dont vous nous dites qu'il ne marche pas".
"Vous jonglez avec des milliards", a critiqué à son tour sa collègue de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher. "Aidez-nous plutôt à construire des filières de formation professionnelle" dans la rénovation thermique, car les "carnets de commandes" des entreprises spécialisées sont "remplis", a-t-elle insisté.
Le spectre du 49.3
"Les montants sont justifiés", a répondu le RN Jean-Philippe Tanguy avant de traiter de "mauvais" les ministres Agnès Pannier-Runacher et Clément Beaune (Transports), et de provoquer un rappel au règlement. MaPrimeRenov' est "très loin des objectifs", avec seulement "2.500 passoires thermiques" rénovées, a pointé la LR Véronique Louwagie.
Le rapporteur général du budget, Jean-René Cazeneuve (Renaissance), a reproché à la coalition de gauche Nupes et au RN de "voter ensemble": "vous vous applaudissez, je ne m'y ferai jamais". La Cour des comptes a récemment rendu un rapport très sévère sur la politique de rénovation énergétique des bâtiments: "il manque un pilotage fort et efficace et un service public de l'accompagnement efficient", a-t-elle déploré.
Le gouvernement va très probablement de nouveau recourir à l'arme constitutionnelle du 49.3 sur cette partie du budget et aura la possibilité d'écarter ces amendements.