Lundi matin, les premiers détenus intègrent la toute nouvelle prison de la Santé, qui rouvre ses portes après plus de quatre ans de travaux. La maison d'arrêt parisienne est désormais ultra sécurisée, avec notamment des brouilleurs de téléphones. "Les travaux ont consisté, d'une part, en une réhabilitation d'une partie du site qui a été conservée et améliorée, et d'autre part, en une reconstruction complète d'une grande partie du site", a expliqué Christelle Rotach, directrice de la prison, au micro de Matthieu Noël sur Europe 1.
Un premier groupe de détenus pour préparer le terrain. Les soixante prisonniers qui vont intégrer leur cellule lundi ont été soigneusement sélectionnés. Ils vont être affectés au service général de la détention. Cela signifie que ces détenus vont s'occuper de la cantine, de la bibliothèque et de l'entretien des parties communes.
AVANT/APRÈS : Europe 1 a pu visiter la prison de la Santé rénovée :
C'est d'ailleurs par ce dernier point qu'ils vont commencer. Une semaine de grand ménage les attend, au cours de laquelle ils vont nettoyer toute la poussière générée par les travaux. Il s'agit donc des derniers coups de balai avant que d'autres détenus n'arrivent à leur tour, par groupes de 25, depuis l'ensemble des maisons d'arrêt franciliennes et notamment les surpeuplées Fresnes et Fleury-Mérogis.
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800 cellules pour 1.150 places. Toute les cellules de la nouvelle prison de la Santé sont équipées de douches, réfrigérateurs, plaques chauffantes et téléphones fixes. "C'est l'une des prisons les plus modernes de France", assure Christelle Rotach. En revanche, l'administration pénitentiaire a fait ses calculs, l'objectif d'encellulement individuel ne sera pas tenu. La moitié des 800 cellules ont été dotées d'un lit superposé pour les 1.150 places, qui seront toutes occupées d'ici quelques mois. Le quartier VIP de l'établissement, qui a vu passer des détenus célèbres, de Maurice Papon jusqu'à Bernard Tapie, a quant à lui été supprimé au profit d'une unité pour les plus vulnérables.
Si les conditions de détention des prisonniers ont été améliorées, le voisinage, lui, ne se réjouit guère de la réouverture de l'établissement, dans le 14ème arrondissement de la capitale. C'est le cas par exemple de Germaine, qui habite ici depuis 60 ans : "Le soir, c'est infernal. Ils font un boucan du feu de dieu. Ce qui est épouvantable, c'est qu'il n'y a pas de rideaux et on les voit à poil. Et puis, il y a l'éclairage nocturne. La nuit, il ne fait plus nuit chez nous. C'est une énorme nuisance."
Des brouilleurs qui perturbent les voisins. Geneviève, pour sa part, se plaint des brouilleurs d'ondes pour empêcher l'usage des téléphones portables par les détenus. Des brouilleurs dont elle juge la portée trop puissante. "Ça a perturbé toute la rue", assure-t-elle. La présence de tels brouilleurs "est une première dans les établissements pénitentiaires français", souligne Christelle Rotach.
Belinda, pour sa part, ne voit aucun inconvénient à la réouverture de la prison. Malgré le fait qu'elle habite juste en face, elle s'est toujours sentie en sécurité : "J'étais habituée avant de voir les prisonniers, de les côtoyer et ça ne m'a jamais dérangé plus que ça. Parfois, ils sont même plutôt marrants à voir. Ils me font parfois des petits coucous, ils balancent des numéros [de téléphone, ndlr] mais ce n'est vraiment pas méchant. Ça ne fait pas peur." Pour un autre habitant du quartier rencontré par le reporter d'Europe 1, c'est un peu comme retrouver des voisins un petit peu trop bruyants.