Il voulait tout effacer. Faire table rase du passé et de tout ce qui pouvait lui rappeler cette scène. Le 9 janvier 2015, après deux jours de cavale et la tuerie de Charlie Hebdo, les frères Kouachi se retranchent dans les locaux de son imprimerie CDT à Dammartin-en-Goële. Pendant près d'une heure, il sera l'otage des deux terroristes. Le bâtiment sera en grande partie endommagé après l'assaut de la police. Après de longs mois de démarches administratives, son entreprise va enfin rouvrir. Et l'instant sera hautement symbolique, puisque François Hollande y sera.
"C'est là où je suis tombé". "Il était important que je redémarre ici. C'est là où je suis tombé", confie au micro d'Europe 1 Michel Catalano qui continue de se réveiller toutes les nuits, à la même heure, sans pouvoir se rendormir. Désormais, tout est neuf, tout a changé, l'imprimerie ne ressemble plus à ce qu'elle était. C'était le souhait de ce patron qui a d'ailleurs installé son bureau dans une pièce sans fenêtre, loin de cet arbre devant le bâtiment qu'il associait à des images trop douloureuses. "Il était important que je me relève ici", poursuit Michel Catalano ajoutant que, c'est vrai, il aurait pu déménager, mais il a senti qu'il fallait rester là.
"Rendre possible l'avenir". "On est comme ça dans la famille, on tient debout", explique le propriétaire de l'imprimerie qui va être décoré ce jeudi, de la Légion d'honneur, "une forme d'hommage à ce que mes parents ont essayé de m'enseigner", lâche t-il. Toujours marqué par ses souvenirs, Michel Catalano va devoir prendre la parole et a dû, pour l'occasion, écrire un discours, lui qui a pour habitude d'improviser. Il veut de la solennité pour rentrer dans ces murs où s'affichent des images qui lui font du bien : des avions (sa passion), mais aussi des phrases, comme cette citation de Saint-Exupéry : "Pour ce qui est de l'avenir, il ne s'agit pas de le prévoir, mais de le rendre possible."