Comme dans de nombreuses communes en France, les écoles de la ville de Morlaix accueilleront des élèves à partir de lundi, date du début du déconfinement en France. Invitée de C'est arrivé cette semaine, Agnès Le Brun, maire de la commune finistérienne, mais aussi vice-présidente et porte-parole de l'Association des maires de France (AMF) est revenue sur décisions qui ont précédé ces réouvertures, soulignant à plusieurs reprises "ce qui a péché", en pointant du doigt les manquements du gouvernement et de l'exécutif lors des dernières semaines.
Dans le protocole du ministère, des "injonctions surréalistes"
L'édile dénonce des "instructions qui étaient contradictoires", puisque lorsque Jean-Michel Blanquer annonçait le mardi 14 avril que le retour à l'école sera obligatoire, une semaine plus tard, le 23 avril, l'Élysée indiquait que la rentrée des classes serait sur la base du volontariat.
Agnès Le Brun souligne aussi que les motifs pour la réouverture des écoles ont été différents (pédagogiques, économiques, sociaux). Mais "on n’approche pas ces trois motivations de la même façon", indique-t-elle, pointant du doigt des "injonctions surréalistes" comme la cantine qui pourrait se faire en classe avec des repas froids, comme l'indique le protocole sanitaire du ministère de l'Éducation nationale. "63 pages qui sont tombées massivement sur nos bureaux avec une vision de la réalité assez déconnectée et qui nous ont mis des bâtons dans les roues", commente Agnès Le Brun.
L'ESSENTIEL CORONAVIRUS
> Chômage partiel : la situation des parents clarifiée
> Une nouvelle maladie inflammatoire touchant les enfants liée au coronavirus ?
> A quoi ressemblera le shopping après le 11 mai ?
> Les Français devront partir en vacances près de chez eux
> Pourquoi aller chez le coiffeur coûtera plus cher après le confinement
"La décision a précédé la concertation"
La porte-parole de l'AMF n'est pas cas isolé. Pour elle, "la décision a précédé la concertation". "Comme en temps ordinaire, mais dans un contexte de crise, c'est exacerbé", précise Agnès Le Brun. Si certains élus refusent aujourd'hui de rouvrir les écoles, ce "n'est pas de la mauvaise volonté". "Tout a été verticalisé et descendant", réaffirme-t-elle.
"On aurait gagné du temps et on n'aurait pas eu ce retard à l’allumage (...) si nous avions été concertés", avance Agnès Le Brun. "S'il y avait eu un minimum de consultation avant la décision, nous aurions pu faire des retours d'expériences", affirme-t-elle, louant le travail des agents municipaux qui ont œuvré depuis début mars.
"Les maires ne sont pas des administrateurs de l'État"
Si la maire de Morlaix et l'AMF avaient pu participer au processus décisionnel, elle aurait proposé que dans le référentiel commun, il soit indiqué que "cette histoire de repas (froid et mangé en classe, ndlr) était stupide, qu'il fallait faire très attention aux maternelles et que le gel hydroalcoolique était impossible à utiliser pour les enfants". L'édile aurait voulu aussi qu'il soit rappelé que "le savonnage régulier des mains pose des questions parce que, selon la configuration des locaux, les lavabos sont plus ou moins éloignés des salles de classe".
L'AMF voulait un référentiel commun qui prenne en compte les réalités du terrain
"Les maires ne sont pas des administrateurs de l'État", résume la Vice-présidente de l'AMF. "Ils sont tout à fait conscients des responsabilités qu’ils ont à assumer", conclut Agnès Le Brun, jugeant "dommage" le fait que l'État se soit "exonéré d'eux".