La loi mobilité, promulguée la semaine dernière, permet désormais aux départements de choisir s'ils veulent ou non revenir à une limitation de vitesse de 90 km/h sur certaines routes du réseau secondaire, après la tentative avortée du gouvernement de généraliser les 80 km/h. Mais même après cela, l'éventuel retour aux 90 km/h s'annonce périlleux. "La loi a été promulguée, on n'attend pas de décret d'application. Mais c'est assez compliqué", a prévenu Dominique Bussereau, président du conseil départemental de Charente-Maritime et président de l'Assemblée des Départements de France, samedi soir sur Europe 1.
Changer les panneaux... et le marquage au sol
Et pour cause, cela demande de nombreux aménagements. Des changements de panneaux, d'abord. Même si les élus locaux ont souvent gardé les anciens avant de les remplacer par ceux affichant 80. Et puis "quand vous modifiez la vitesse, vous modifiez aussi la signalisation au sol", rappelle l'élu. "Il faut refaire tout ça, cela va prendre beaucoup de temps... et un peu d'argent."
Chaque département va pouvoir choisir une solution qui lui convient, et Dominique Bussereau anticipe d'ores et déjà trois cas de figure. D'abord, "ceux qui vont rester aux 80 km/h, parce qu'ils estiment que c'est compliqué, qu'il faut remettre les panneaux, que ça va coûter de l'argent, ou parfois par conviction personnelle de leurs exécutifs". Ensuite, "ceux qui vont essayer de repasser au maximum à 90 km/h", notamment les territoires ruraux comme le Cantal ou la Corrèze. Et enfin, "une autre catégorie, à laquelle appartient mon département, la Charente-Maritime, où on va faire du coup par coup."
La méthode du "coup par coup"
Et Dominique Bussereau de détailler cette fameuse méthode : "On va consulter les pompiers, les gendarmes, la police, les maires, la préfecture et on va remettre du 90 km/h là où on aura de bonnes statistiques d’accidentologie, on va laisser beaucoup à 80 km/h et on pourra mettre de courts tronçons à 70 km/h." Selon lui, c'est d'ailleurs ce que l'exécutif aurait dû faire depuis le début, en réunissant tous les acteurs autour de la table. "Cela aurait évité la colère, la démagogie et peut-être certaines exactions comme ce qui se passe actuellement [avec] de nouveaux radars incendiés régulièrement sur toutes les routes de France", analyse le président de l'ADF.
Quant à savoir si toutes ces limitations de vitesse différentes vont perturber les automobilistes, Dominique Bussereau n'y voit pas vraiment de difficulté. "Tout cela est compliqué mais dans une ville, vous avez du 50, du 30, du 20… l'automobiliste français est habitué tous les jours à des vitesses différentes."