REPORTAGE - «On boit cette eau même si elle est un peu boueuse» : privés d'eau, les Mahorais se ravitaillent dans les ruisseaux
À Mayotte, en attendant la reconstruction qui prendra plusieurs années, l'heure est à l'urgence sanitaire, sécuritaire et alimentaire. Dans le bidonville de Kaweni, certains sinistrés ne boivent pas tous les jours et attendent, désespérés, l’aide humanitaire.
C’est l’une des principales sources d’inquiétude à Mayotte : l’accès à l’eau potable. Rationnée dans les supermarchés, en grande partie coupée au robinet... Dans le bidonville de Kaweni, ravagé par le cyclone, certains sinistrés ne boivent pas tous les jours et attendent, désespérés, l’aide humanitaire.
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"Si on ne fait pas ça, on va mourir"
Deux jerricans vides à la main, son visage d’adolescent tiré par la fatigue, Youssouf cherche de l’eau. Il vient de finir sa réserve. "Il n’y a plus d’eau, même pas de rivière, je ne bois pas d’eau tous les jours… Seulement aujourd’hui grâce à la pluie", raconte-t-il.
Quelques minutes de pluie providentielles pour les habitants du bidonville. Au creux d’un vallon, le ruissellement de la pluie forme un filet d’eau suffisant pour qu’Amina lave ses vêtements et boive quelques gorgées. "On n'a pas le choix, on boit cette eau même si elle est un peu boueuse. On essaie de la filtrer comme on peut mais de toute façon, si on ne fait pas ça, on va mourir", glisse-t-elle.
"Je ne suis pas malade, mais je ne sais pas ce qui peut arriver après"
De l’eau saumâtre, mal odorante, qu’elle ne fait cette fois même pas bouillir avant d’en consommer. Son voisin, Ibrahim, préfère redescendre des hauteurs du bidonville. En bas, les habitants ont creusé un trou. "Il y a une source là-bas mais même cette eau, elle n’est pas claire. Je vais quand même la boire, je suis obligé pour l’instant, je ne suis pas malade, mais je ne sais pas ce qui peut arriver après", confie-t-il. Potable ou non, Ibrahim repart avec des bidons remplis d’eau. La route est longue jusqu’à sa case.