Le procès fleuve du scandale du Mediator reprend mardi matin à 10 heures au tribunal correctionnel de Paris pour la dernière semaine des débats et encore un mois d'audience. Les audiences avaient été suspendues après six mois de débat en raison de la crise sanitaire déclenchée par le Covid-19. Dans ce procès hors norme, avec quelque 2.600 victimes constituées parties civiles et douze prévenus - les responsables des laboratoires Servier -, le groupe pharmaceutique est notamment poursuivi pour "tromperie aggravée", "escroquerie" et "homicides et blessures involontaires".
Les victimes invitées à rester chez elles
La salle a été réaménagée avec un siège sur deux inutilisable. Mais ces mesures sont jugées insuffisantes par l’association d’aide aux victimes des accidents de médicaments (AAAVAM), partie civile, qui sollicite un nouveau report. Mais pas pour Charles-Joseph Oudin, avocat de 250 parties civiles, qui estime que dix ans après les révélations du scandale, les victimes ne peuvent plus attendre. "On va y arriver, avec un masque, une combinaison chirurgicale, par visio-conférence, on plaide et on finit", enjoint-il.
"À titre personnel, j’ai demandé à mes clients de ne pas venir car si tout le monde vient, on prend des risques sanitaires et des risques sur la tenue du procès. Le prix à payer pour que le procès se termine, c’est aussi que les victimes restent chez elles", poursuit cet avocat. "Ceux qui soutiennent cette procédure n’ont plus qu’une trouille, que les laboratoires Servier échappent à la justice."
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"J’ai besoin que ce procès se termine"
Lisa Boussinot, fille de victime du Mediator, a suivi les six mois de débats depuis septembre et elle va assister à la reprise de l'audience qu'elle veut voir aboutir. "C’est une affaire très importante dans ma vie, puisque j’y ai perdu ma mère. Ce combat, on le mène depuis dix ans. Pour nous, c’était la voie pénale qui comptait et ça y est, on y est !", explique-t-elle. "J’ai besoin que ce procès se termine, que les protagonistes de cette affaire soient condamnés pour tourner une page. Repousser encore, comme les laboratoires Servier se sont efforcés à le faire, ça n’est plus possible. Il y a des gens dont l’état de santé s’est aggravé et qui continue à mourir à cause de ce médicament", veut-elle rappeler.
Le début des plaidoiries est prévu le 9 juin, et la fin du procès fixée au 6 juillet.