Plusieurs dizaines de milliers de manifestants devraient défiler, jeudi, lors de la quatrième journée de mobilisation contre la réforme des retraites. Mais les salariés du privé devraient être, encore une fois, très peu représentés dans les cortèges. Est-ce par désintérêt ? Ou alors, ne peuvent-ils simplement pas se permettre de manifester pour des raisons financières ? Europe 1 est allée à leur rencontre et leur a demandé pourquoi ils ne faisaient pas grève.
"Le hic, c’est la question financière"
Sarah travaille dans l’immobilier. Comme plusieurs de ses collègues, elle est opposée à la réforme des retraites et se sent même très concernée par cette mobilisation. "On est de jeunes actifs et je pense qu’on est prêts à faire la grève", assure-t-elle. Sauf qu’il y a quand même un "mais" : "La seule question qui se pose aujourd’hui, et le seul hic, c’est la question financière."
Un constat que partage également Marc, salarié depuis 20 ans dans l’informatique. Il est né après 1975 et devra a priori travailler plus. Il soutient les grévistes mais pour lui, rentrer dans le mouvement, ça serait "une perte de revenus et peut-être mettre mon job en péril. Les relations avec mes collègues et mes chefs seraient peut-être impactées."
"Sans le privé, le gouvernement ne pliera pas"
Daniel Petrucci, vice-président du Syndicat national des banques, l’a également constaté dans son secteur. La perte de salaire et la peur d’être montré du doigt sont des raisons qu’il entend souvent. Mais pas uniquement. Selon lui, le gouvernement a été très habile. "En mettant en avant le fait que ça concernait surtout les régimes spéciaux et les fonctionnaires, les gens du privé ne se sont pas sentis directement concernés", explique-t-il.
Il doit donc faire preuve de pédagogie pour mobiliser un peu plus de salariés à chaque nouvelle manifestation. Un autre syndicaliste dans l’automobile va dans son sens : "Il faut qu’on se mobilise beaucoup plus. Car sans le privé, le gouvernement ne pliera pas".