Bloquer le pays tout en conservant le soutien des Français, un équilibre délicat. L'intersyndicale appelle ce samedi à une septième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, en plus des grèves reconductibles dans les secteurs de l'énergie ou des transports. La question est de savoir jusqu'où les Français sont prêts à suivre.
Une radicalisation du mouvement pourrait freiner les Français
Si les blocages et les grèves deviennent trop pénalisants pour les Français dans les jours, les semaines qui arrivent, alors il y a un risque que les syndicats perdent le soutien d'une partie de la population comme Bernard. "L'absence totale de carburant dans les stations service, un blocage total des transports et sans parler des coupures de courant qui pourraient impacter la santé des Français, des hôpitaux, etc... Une radicalisation abusive pourrait provoquer des conséquences difficilement réparables, notamment au niveau économique", analyse-t-il.
Un constat partagé par le politologue Jean-Christophe Gallien. Selon lui, une radicalisation du mouvement pourrait freiner une partie des Français. "Il y a des chances que ce soutien faiblisse si les rues deviennent jonchées de poubelles parce qu'on ne les ramasse pas, si on n'arrive plus à trouver de l'essence, si on ne parvient plus à trouver des produits alimentaires de première nécessité et qu'en plus l'inflation continue à être là", analyse-t-il.
Les Français résignés ?
"Certains disent qu'il y aura encore plus de colère, mais d'autres peuvent se dire aussi "finalement, maintenant, on passe à autre chose. Notre quotidien, c'est pas la réforme des retraites", explique Jean-Christophe Gallien.
C'est là toute la difficulté pour les syndicats qui veulent que les blocages s'intensifient pour mettre la pression sur la majorité sans pour autant perdre le soutien d'une partie des Français. D'autant que même s'il y a une majorité d'actifs toujours contre ce texte, il y a une forme de résignation qui s'installe.
De plus en plus de Français sont convaincus que, malgré la contestation, l'exécutif ne bougera pas. Si cette réforme n'est pas votée par l'Assemblée, il y aura alors de grandes chances pour que le gouvernement utilise l'article 49.3 de la Constitution pour faire passer le texte en force, comme cela avait été le cas par exemple en 2016 avec la loi Travail El Khomri.