Xavier Autain, avocat 4:01
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Séverine Mermilliod , modifié à
Avocats et bâtonniers sont en grève partout en France contre la réforme des retraites. Xavier Autain,​ avocat et membre du Conseil de l’ordre du barreau de Paris​, était l'invité d'Europe 1 mercredi pour en parler. Il regrette que le mouvement ne soit pas entendu, alors que le "système actuel fonctionne".

Robes d'avocat jetées à terre, manifestations, demandes de renvois d'audience... Un peu partout en France, les avocats poursuivent une grève depuis plusieurs semaines contre la réforme des retraites et l'entrée de la profession dans le régime universel. Pourtant, "Nicole Belloubet ne nous entend pas", affirme Xavier Autain,​ avocat pénaliste et membre du Conseil de l’ordre du barreau de Paris. "Rien n'a changé", affirme l'avocat, qui fustige la sourde oreille du gouvernement. "Ils sont dans une citadelle de certitudes, peu à l'écoute, et persuadés que leur dogmatisme fera tout passer." Et ce, alors même que "les avocats ne sont pas révolutionnaires. Réussir à mettre 164 barreaux en grève en même temps, c’est une jolie prouesse du gouvernement !", juge-t-il.

"Qui va assurer la défense des plus démunis ?"

Les avocats ont une caisse de retraites autonome, pour l'instant excédentaire mais qui en reverse aussi une grande partie. Or, la réforme les concernant prévoit notamment de doubler les cotisations de retraites de 14 à 28% pour ceux qui gagnent jusqu'à 40.000 euros par an. Ce qui représente, d'après Xavier Autain, la moitié des avocats français, dont c'est le revenu médian.

Un calcul défavorable pour les avocats débutants et les petits cabinets, et qui risque selon Xavier Autain de pénaliser directement la défense des plus démunis. "Ceux qui sont touchés sont ceux qui gagnent moins de 40.000 euros, soit 50% de la profession. Ce sont ceux qui assument l'aide juridictionnelle", explique l'avocat. "Si vous détruisez ces petits cabinets, dont l'équilibre économique est parfois précaire, qui va assurer la défense des plus démunis ?" D'après lui, c'est donc "tout l'accès au droit, tout le maillage territorial qui va sauter".

Autre problème : la réforme est selon lui basée sur un cas type et "des postulats de rémunération, d'âge où l'on prête serment" qui ne correspondent pas à la réalité. "Nous avons aujourd'hui un système qui fonctionne, qui est pérenne", estime-t-il. Il espère donc que la ministre de la Justice Nicole Belloubet va finir par les entendre. "Discutons !", demande l'avocat.

Sur l'antenne d'Europe 1 quelques minutes plus tard, la ministre a assuré en réponse que les pensions des avocats ne vont pas baisser mais augmenter avec la réforme et que le corps de métier doit bien passer au système universel. "Dès lors que l’on est dans le régime universel, on peut imaginer de solution pour prendre en compte les spécificités et les singularités", a-t-elle ajouté.