C'est un cri d'alerte que lancent aujourd'hui plusieurs sensibilités laïques, qui s'inquiètent des modifications de la loi de 1905 de séparation des Eglises et de l'Etat envisagées par l'exécutif.
Georges Sérignac, Premier Grand Maître-adjoint du Grand Orient de France, la plus grande et la plus ancienne obédience maçonnique, est l'un des initiateurs d'une pétition baptisée "Appel des 113". Il considère que "l'édifice républicain peut être détricoté si la loi est modifiée" comme le prévoit le gouvernement.
"Une modification de la substance même du texte". "Nous avons été alertés, comme beaucoup d'associations laïques, par des articles de presse et des bruits de couloir, d'un toilettage de la loi de séparation des Eglises et de l'Etat. En regardant les textes qui étaient mis en chantier, on s'est rendu compte que ça allait beaucoup plus loin qu'un toilettage, et qu'il s'agissait d'une modification de la substance même du texte", dénonce Georges Sérignac au micro de Matthieu Belliard, jeudi sur Europe 1. Le gouvernement envisage en effet de revoir ce texte, afin de mieux organiser et encadrer le financement de l'islam en France.
>> De 17h à 20h, c'est le grand journal du soir avec Matthieu Belliard sur Europe 1. Retrouvez le replay ici
Un financement du culte musulman par l'Etat. "Ce qui est fondamental dans la séparation des Eglises et de l'Etat, c'est que l'Etat ne s'ingère pas dans l'organisation d'un culte. Or là, sous des prétextes qui sont tout à fait corrects (l'organisation de l'islam, la volonté d'avoir un islam apaisé et de contrôler certaines dérives), le pouvoir exécutif envisage de modifier la loi pour permettre un financement du culte par l'Etat, et une réorganisation du culte", souligne avec mécontentement le franc-maçon, qui maintient que la loi de 1905 est "parfaitement adaptée, même aujourd'hui."
"Ouvrir une boîte de Pandore". "C'est l'affaire des religions elles-mêmes de s'organiser, et on ne voit pas en quoi l'Etat devrait le faire. Surtout, c'est ouvrir une boîte de Pandore. Car si l'Etat commence à se mêler de ce culte-là, on ne voit pas pourquoi d'autres cultes ne demanderaient pas aussi" à être ainsi financées, alerte Georges Sérina, qui craint "un retour en arrière" aux conséquences désastreuses pour la République.
Plusieurs grandes loges maçonniques ont signé ce texte, tout comme le Comité Laïcité République, la Ligue Internationale Contre le Racisme et l'Antisémitisme (Licra), le Conseil national des associations familiales laïques (CNAFAL), Ni Putes Ni Soumises, ou encore l'Association des libres penseurs de France (ADLPF).