"Le risque de tension" sur le réseau électrique cet hiver est "accru", mais reste "maîtrisable grâce à une forte mobilisation" en faveur d'économies d'énergie, a affirmé mercredi le gestionnaire du réseau de transport d'électricité (RTE). "Nous faisons face en France et en Europe à une situation exceptionnelle", a souligné le président de RTE, Xavier Piechaczyk, lors de la présentation des perspectives du réseau électrique pour cet hiver. "Le risque de coupure ne peut pas être totalement exclu, mais il pourrait être évité en baissant la consommation nationale de 1 à 5% dans la majorité des cas, et jusqu'à 15% dans les situations météorologiques les plus extrêmes", a détaillé RTE dans un communiqué.
Pas de risque de 'black-out'
"En aucun cas, la France ne court un risque de 'black-out'", c'est-à-dire "la perte de contrôle totale du système électrique", a assuré le gestionnaire du réseau électrique. Mais face à une situation "dégradée" en France pour la production d'électricité, le gestionnaire a exceptionnellement avancé la période de "vigilance" qui commencera dès l'automne et portera notamment sur les mois de novembre et décembre.
Dans "la très grande majorité des situations", RTE n'envisage que "quelques signaux Ecowatt rouge sur les 6 mois de l'hiver". Créé en 2020, ce dispositif aussi surnommé "météo de l'électricité" permet aux usagers de constater en temps réel la situation du système électrique et de se porter volontaire pour réduire leur consommation en cas de tensions, lorsqu'ils reçoivent un SMS d'alerte.
Le dispositif, ouvert aux particuliers, a été élargi aux entreprises ainsi appelées à réaliser des "éco-gestes". Par exemple, en baissant ou reportant leur consommation de chauffage, d'éclairage ou de cuisson, notamment aux heures les plus critiques. Selon RTE, la très grande majorité des "situations à risque" se situent le matin entre 8H00 et 13H00 et le soir entre 18H00 et 20H00.
Quelle hausse tarifaire ?
Dans le contexte de la crise énergétique qui touche l'Europe sur fond de tarissement du gaz russe, la situation de la France est fragilisée en raison d'une production électrique nucléaire au plus bas, liée à des travaux ou des problèmes de corrosion sur la moitié de ses 56 réacteurs nucléaires. Face à la flambée des coûts de l'électricité et du gaz sur les marchés de gros européens, la Première ministre Elisabeth Borne, entourée des ministres de l'Economie Bruno Le Maire et de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher doit annoncer à 15H30 les nouvelles modalités du bouclier tarifaire pour 2023.
En 2022, la hausse sur les tarifs d'électricité pour les particuliers avait été bloquée par le gouvernement à 4%, et les tarifs du gaz gelés au niveau d'octobre 2021. Le gouvernement, qui prépare son projet de budget pour 2023, a promis que la hausse des prix du gaz et de l'électricité resterait "contenue" pour les consommateurs après l'expiration de ce bouclier au 31 décembre 2022. La question est de savoir quelle sera la hausse tarifaire appliquée, et en clair le niveau de protection accordé aux Français.
Des prix anormalement élevés sur les marchés de gros
Selon Bercy contacté par l'AFP, "certains seront aidés pour payer les augmentations", qui devraient être annoncées dans la journée. "S'il n'y avait pas de bouclier tarifaire, ça serait 180 euros de plus à la rentrée sur la facture de gaz pour les Français et 120 euros sur la facture d'électricité", a indiqué le ministre de l'Economie Bruno Le Maire mercredi matin sur Cnews.
Concernant cette question des prix qui atteignent des sommets sur les marchés de gros, "le niveau de risque révélé par l'analyse prévisionnelle de RTE ne permet pas de justifier des niveaux aussi anormalement élevés", a souligné le gestionnaire du réseau électrique. De son côté, le gestionnaire de réseau de transport de gaz GRTGaz présentera à son tour en début d'après-midi mercredi son scénario hivernal de prévisions d'approvisionnement en gaz.