Un collectif d'associations engagées contre la pauvreté et des syndicats disent jeudi s'opposer à des mesures défendues par le Rassemblement national concernant les missions de service public de la Poste, qu'ils estiment dangereuses pour les personnes défavorisées, les réfugiés et les demandeurs d'asile. Le collectif Alerte, composé de 34 associations dont Emmaüs, la Fondation Abbé Pierre ou Médecins du monde, s'alarme ainsi de ce que "le RN propose de supprimer la subvention publique accordée à la Banque Postale", filiale de la Poste, "pour sa mission d’accessibilité bancaire exercée à travers le Livret A".
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Mettre un terme au contrat de compensation de service public
Cette mission d'accessibilité bancaire impose à la Poste de permettre l'ouverture d'un livret A pour 1,50€ à quiconque le demande, y compris aux personnes interdites bancaires ou sans titre de séjour. Elle bénéficie essentiellement à "des titulaires des minimas sociaux et à des réfugiés et demandeurs d’asile", rappelle le collectif. Fin juin, le député et spécialiste des questions économiques au RN Jean-Philippe Tanguy avait en effet indiqué son souhait de mettre un terme au contrat de compensation de service public, pour lequel l'État subventionne à hauteur de 300 millions d'euros la Banque Postale, préférant que ce soit le secteur bancaire qui directement la finance.
Outre l'accessibilité bancaire, La Poste a pour l'heure trois autres missions de service public, que le collectif Alerte estime également menacées par le Rassemblement national : le service universel postal, la contribution à l'aménagement du territoire, le transport et la distribution de la presse. Jean-Philippe Tanguy avait ainsi déposé en novembre 2023 un amendement proposant de diminuer de 605 millions d'euros la subvention que reçoit La Poste pour ces trois missions, jugeant qu'il était "plus judicieux de financer cette dépense au travers d’une augmentation de la taxe sur les GAFAM." L'amendement a été rejeté.
"De toute évidence, le Rassemblement national", qui espère obtenir une majorité de sièges à l'Assemblée nationale à l'issue des élections législatives dimanche, "menace directement l'avenir des missions de service public de la Poste et de la Caisse des dépôts", propriétaire aux deux tiers de la Poste, juge le collectif Alerte. Plusieurs syndicats - dont SUD PTT ou encore la CGT de la Caisse des Dépôts - co-signent ce texte.
Fin mai, le directeur général de la Caisse des dépôts, Éric Lombard avait estimé qu'il fallait "ajuster les missions" de service public de la Poste "au niveau des compensations", car "le sac à dos devient trop lourd et commence à peser aussi pour la Caisse des dépôts, malgré la taille du groupe et sa capacité de résistance". Deux pistes étaient alors évoquées par Éric Lombard : "le fait que l'État accroisse ce financement" ou "diminuer le coût des missions".