Face à la "grève générale illimitée" qui a débuté lundi en Guyane, Bernard Cazeneuve a répondu lundi à l'une des revendications des acteurs sociaux en annonçant la venue de ministres "avant la fin de semaine". Sans préciser donc, la date exacte de ce déplacement ni le portefeuille des ministres en question. Sur Europe 1, Rodolphe Alexandre, le président de la collectivité territoriale de Guyane, demande en premier lieu la venue du nouveau ministre de l'Intérieur, Matthias Fekl, "pour apaiser, pour pouvoir poser les questions de l’insécurité", ainsi que du ministre de l’Économie, et "éventuellement" de la ministre des Outre-mer, grande absente de la crise guyanaise.
"Une criminalité qui vient de l'extérieur". "La première priorité, c'est la lutte contre l'insécurité", a dit lundi le président François Hollande. "Nous avons un taux de criminalité supérieur à Marseille", rappelle Rodolphe Alexandre. "En plus, c'est une criminalité qui vient de l’extérieur, des pays riverains de la Guyane. On tue des gens pour 20 euros, on attaque des gens dans leur foyer…", explique l'élu. "Cette insécurité contribue à ce que nous, Guyanais, habitions dans des maisons protégées par des grillages, avec des caméras, où ceux qui ont les moyens peuvent se payer une sécurité en permanence".
La Guyane détient en effet le triste privilège d'être le territoire français le plus meurtrier par nombre d'habitants avec 42 homicides (en majorité par armes à feu) commis en 2016, contre 38 en 2015. Le nombre de vols avec violence augmente régulièrement, passant de 1.694 en 2014 à 2.338 en 2016. Le nombre de "mules" (passeurs de cocaïne) est quant à lui passé de 183 en 2014 à 371 en 2016.
"On peut résoudre le problème sans s'acharner contre l'immigration". "La situation d'immigration clandestine massive en Guyane (...) est la cause d'une insécurité gravissime", a pour sa part observé Marine Le Pen sur Europe 1, lundi matin. "Je ne traite pas le débat comme le traite Marine le Pen. Elle fait de la politique, elle est candidate. Oui, il y a un problème d’immigration, très forte en Guyane et clandestine (la plupart des immigrés viennent du Brésil, d'Haïti ou du Surinam, ndlr). Mais je pense que ça, on peut le résoudre sans s’acharner contre l’immigration", assure Rodolphe Alexandre. "Le problème, c’est que l’État doit véritablement prendre à bras le corps la présence des immigrés, tant au niveau de la santé, des lycées ou des logements", continue-t-il. Des mesures de sécurité, de santé, mais aussi et surtout d'éducation : voilà précisément ce que demande le collectif syndical guyanais, à l'origine du mouvement de grève.