"Aujourd'hui, en France, il n'y a pas de risque sanitaire avec les produits à base de glyphosate, dont l'utilisation est strictement encadrée", selon Roger Genêt. 7:57
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Margaux Leridon , modifié à
Pour le directeur général de l'ANSES Roger Genet, invité de Patrick Cohen samedi matin, le glyphosate, utilisé conformément aux réglementations en vigueur, ne présente pas de danger en France. 
INTERVIEW

Alors que le CIRC, le centre international de recherche sur le cancer, a classé le glyphosate comme cancérogène probable, l'ANSES, l'Agence nationale de sécurité sanitaire, n'a pas jugé nécessaire de le retirer du marché. Pour en parler, Roger Genet, directeur général de l'ANSES, était l'invité de Patrick Cohen sur Europe 1.

"Les professionnels savent se protéger de manière adaptée"

"Quand on fait une évaluation d'un produit, on évalue d'abord sa dangerosité intrinsèque - est-il toxique sur la reproduction ? Cancérigène ? Toxique sur l'environnement ?", explique le spécialiste. "Mais ensuite, on est exposé à ce danger de façon différente en fonction des usages. On va mettre en évidence la relation entre la dose et les faits, et on va travailler sur l'exposition. Au final, on va graduer le niveau acceptable ou inacceptable du risque pour l'utilisateur, le riverain, le consommateur ou l'environnement".

 

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Et pour le glyphosate, ce risque reste acceptable, selon les conclusions de l'agence. "Aujourd'hui, en France, il n'y a pas de risque sanitaire avec les produits à base de glyphosate, dont l'utilisation est strictement encadrée", affirme Roger Genet. "On a une cinquantaine de produits à base de glyphosate, réservés à une utilisation professionnelle, et les professionnels savent se protéger de manière adaptée. Il n'y a pas aujourd'hui de risque sanitaire avec ces produits, s'ils sont utilisés conformément aux protections d'usage", détaille-t-il.

"Besoin d'une meilleure évaluation"

Pour autant, le directeur de l'ANSES reconnaît une incertitude persistante sur le niveau de danger du produit, dans l'absolu. "On a besoin d'avoir une meilleure évaluation du risque intrinsèque du glyphosate. Nous avons saisi notre comité d'experts pour analyser l'ensemble des données actuellement disponibles. Nous allons publier un rapport sur les données que nous demandons de produire en plus, pour diminuer l'incertitude qui reste. Ces études devront être disponibles pour ré-évaluer le glyphosate au niveau européen, pour arriver fin 2022 soit à son interdiction totale, soit à sa réhomologation", explique-t-il. 

 

Roger Genet prône également une diminution de l'exposition des consommateurs au glyphosate, à la suite de la découverte de trace du pesticide dans les urines, tout en soulignant que les niveaux d'exposition actuel restent acceptables. "Clairement, on y est exposé par l'alimentation et l'eau que l'on boit. Je comprends que l'on puisse trouver ça anormal", admet-il. "Pour nous, agence sanitaire, la problématique c'est de diminuer l'exposition à ces contaminants chimiques. Les expositions actuelles restent au moins 1.000 fois inférieur aux seuils sanitaires... Mais ça ne légitime pas le fait qu'on retrouve du glyphosate dans les urines". 

Le cuivre présent dans le bio "devra être substitué à court et moyen terme"

Autre produit controversé, le cuivre, dont les dérivés sont de plus en plus utilisés dans le bio. "Le cuivre est un produit qui n'est pas dénué de risque, notamment pour l'environnement mais aussi pour l'utilisateur", explique Roger Genet. "L'évaluation que nous avons conduite montre clairement qu'il y a des risques spécifiques. Mais encore une fois, ce produit est autorisé dans des conditions très encadrées. Dans ces conditions, le risque n'est pas inacceptable, mais c'est clairement un produit qui devra être substitué à court et moyen terme".