Après l'émotion, le temps des questions. Alors que quelque 15.000 personnes se sont recueillies lundi sur les plages des Sables d'Olonne pour honorer les trois bénévoles qui ont péri en mer en voulant secourir un marin pêcheur, la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM) et ses 8.000 bénévoles sont-ils prêts à affronter les défis du futur ? Invité mardi du Tour de la question, sur Europe 1, son directeur général Marc Sauvagnac alerte sur les déficits entraînés par les investissements nécessaires lors des prochaines années, ainsi que sur les difficultés provoquées par le modèle du bénévolat.
Un déficit de 4 millions d'euros par an
Fonctionnant à 80% grâce aux dons privés, la SNSM reçoit 6 millions d'euros de la part de l'État, soit le double du montant versé en moyenne avant 2018. Mais ces financements pourraient ne pas être suffisants pour assurer l'avenir de la Société. Selon Marc Sauvagnac, la France pourrait prendre exemple sur les Britanniques, dont la société de sauvetage a "un dispositif opérationnel à peu près équivalent à celui de la SNSM, et secourt à peu près le même nombre de personnes". Seulement, cette société de sauvetage outre-Manche a un budget "8 fois supérieur" à celui de la SNSM, et dispose de 1.000 salariés contre 85 en France.
Ce besoin de financement, voire carrément de refonte du modèle en place, pourrait être accentué dans les prochaines années. La SNSM doit en effet assurer son plan de formation de ses secouristes et "la planification du renouvellement de la flotte de sauvetage" de 450 bateaux. Les 40 canaux "tous temps" construits entre 1988 et 1998, doivent notamment être renouvelés. Tout cela, assure Marc Sauvagnac, représente un budget supplémentaire et "un surcroît d'investissement". "On va doubler notre investissement dans les années qui viennent", prévient-il. Entre la formation et ces nouveaux investissements, la SNSM planifie donc un déficit financier de 4 millions d'euros par an.
"Le bénévolat est soumis à une pression croissante"
Et encore, précise Marc Sauvagnac, la question du financement et du déficit n'est que "la partie émergée de l'iceberg". Car c'est tout le modèle du bénévolat qui pourrait être à revoir. L'emploi du temps des bénévoles "peut être trop rempli (...) C'est un des sujets qui nous inquiète pour demain", reconnaît-il. Encore aujourd'hui, la SNSM arrive à recruter des bénévoles, "issus de tous les horizons", mais, note-t-il, ce n'est "plus le même bénévolat que par le passé". Là où le bénévole de l'époque, tout secteur confondu, était "plus militant, plus sacrificiel", le bénévole d'aujourd'hui "veut un meilleur équilibre entre sa vie personnelle, professionnelle et son engagement".
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"Le bénévolat est soumis à une pression croissante", martèle-t-il. "On se pose des questions sur la pérennité de ce modèle du point de vue de la capacité de ces bénévoles à s'investir dans l'avenir". "On devrait prendre en considération la nécessité de se structurer mieux", conclut le directeur général de la SNSM.