Les fonctionnaires marchent mardi à travers la France pour tenter d'arracher au gouvernement des hausses de salaires malgré un contexte budgétaire restreint, mais la mobilisation était relativement peu suivie en milieu d'après-midi. Aux abords du Jardin du Luxembourg, d'où est parti le cortège parisien, ils n'étaient pas extrêmement nombreux à être réunis, vers 14 heures, a constaté un journaliste de l'AFP. "Aujourd'hui on ne fait pas le plein de grévistes", a concédé Benoit Teste, secrétaire général de la FSU, mais "on ne sera pas les spectateurs du saccage de la fonction publique".
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Une centaine de rassemblements en France, selon les syndicats
L'ampleur de la mobilisation est un des enjeux de la journée, à quatre mois de Jeux olympiques et paralympiques durant lesquels la CGT et FO ont déjà promis de déposer des préavis de grève. Selon le ministère de la Fonction publique, 6,4% des 2,5 millions d'agents de la fonction publique d'Etat étaient en grève à la mi-journée. Ce taux de grévistes s'élève à 2,85% dans la fonction publique territoriale et à 2,2% dans la fonction publique hospitalière.
Malgré une rare unité intersyndicale dans l'appel à la mobilisation adressé aux 5,7 millions d'agents publics, c'est moins élevé que lors des manifestations contre la réforme des retraites début 2023, où l'on comptabilisait 15% à 30% de grévistes selon les secteurs. "Sur la quinzaine de rassemblements qui avait déjà commencé aux alentours de 14 heures, la CGT recensait 21.000 manifestants, dont 8.000 à Marseille, 4.000 à Nantes et 3.000 à Lyon", a indiqué à l'AFP Natacha Pommet, secrétaire générale de la FDSP, sur la centaine de rassemblements qu'elle décompte en France.
Dans l'Éducation nationale, un des principaux employeurs d'agents publics, 6,77% des enseignants étaient en grève mardi dans le premier degré (maternelle et élémentaire) et 10,65% dans le second degré (collèges et lycées), selon les chiffres du ministère. Le Snes-FSU, premier syndicat du second degré, a enregistré 30% d'enseignants grévistes, avec notamment 53% de profs en grève dans les collèges et lycées de Seine-Saint-Denis, mobilisés depuis un mois contre la mise en place des groupes en 6e et 5e à la rentrée prochaine, synonyme selon eux de "tri des élèves".
Dix milliards d'euros d'économies promises par le gouvernement
Les syndicats réclament de nouvelles augmentations générales, après celles de 3,5% et 1,5% consenties en 2022 et 2023. Mais à l'heure où le gouvernement promet 10 milliards d'euros d'économies budgétaires en 2024 et le double en 2025, le ministre de la Fonction publique Stanislas Guerini refuse de ressortir le chéquier. Ce fidèle d'Emmanuel Macron met en avant les près de 14 milliards d'euros dépensés depuis 2022 pour soutenir le pouvoir d'achat des fonctionnaires et propose d'instaurer des négociations salariales annuelles dans la fonction publique, à l'image de ce qui se pratique dans les entreprises.
"On ne nie pas qu'il y a un problème de budget, mais on peut augmenter les recettes", estime Benoit Teste, qui suggère au gouvernement d'aller piocher dans les "200 milliards d'euros d'aides aux entreprises sans contreparties". Les précédentes augmentations constituent "enfin une petite amorce après dix ans de gel", estime Mireille Stivala, secrétaire générale de la CGT Santé action Sociale, "mais les mesures mises en place ne répondent pas à des années de disette".
Une dernière réunion tendue avec le syndicats
Quand bien même des négociations salariales annuelles se tiendraient, elles n'aboutiraient à des hausses de salaires qu'en 2025, ce qui ferait de 2024 une "année blanche", s'inquiètent à l'unisson les huit syndicats représentatifs (CGT, FO, CFDT, Unsa, FSU, Solidaires, CFE-CGC, FA-FP). Jeudi, la dernière réunion sur les salaires a tourné court : sept syndicats ont claqué la porte pour dénoncer le choix selon eux "hautement partial" des chiffres présentés par le gouvernement. FO a pour sa part refusé d'assister à la réunion, critiquant un diagnostic "orienté" du gouvernement sur l'évolution récente des salaires des fonctionnaires.
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Dans un document envoyé aux syndicats avant la réunion, le gouvernement affirme que les rémunérations des agents publics ont progressé plus vite que l'inflation ces dernières années. Mais l'indicateur utilisé pour étayer cette assertion n'est pas le plus pertinent, jugent les syndicats. "Il faut que le gouvernement ouvre de vraies négociations et nous tienne un langage de vérité", a résumé Stanislas Gaudon, président de la fédération des services publics CFE-CGC, qui regrette: "On nous dit qu'il faut faire de l'attractivité avec un grand A, et on ne nous donne pas d'élément d'attractivité".