L'usine du géant pharmaceutique Sanofi à Mourenx, dans les Pyrénées-Alantiques, mise à l'arrêt début juillet après la révélation d'émissions hors normes de rejets toxiques, a repris mardi la production d'acide valproïque, un anti-épileptique, sous de nouvelles contraintes fixées par arrêté préfectoral, a annoncé la préfecture des Pyrénées-Atlantiques.
L'usine avait été autorisée à redémarrer certaines installations par un arrêté préfectoral le 8 août, après avoir répondu "à plusieurs exigences de travaux et d'étude", et sous certaines prescriptions, découlant d'un rapport de l'Agence nationale de sécurité de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses).
Sanofi affirme avoir respecté les conditions de l'arrêté préfectoral. "Lors d'une inspection du site le 9 août, l'inspection des installations classées a vérifié la mise en oeuvre des conditions de l'arrêté du 8 août, une première production a eu lieu le 17 août et elle se poursuit à partir de mardi", a indiqué la préfecture. L'arrêté du 8 août exigeait la collecte complète des sources de rejets de composés organiques volatils (COV), le traitement par trois filtres de charbons actifs, et des mesures en continu pour garantir l'efficacité et le bon fonctionnement des rejets atmosphériques. Selon la préfecture, "l'efficacité des moyens fixés par l'arrêté a été confirmée (…) Les résultats mis à disposition par Sanofi confirment en sortie du système de traitement au charbon actif que l'ensemble des émissions sont conformes à la réglementation nationale".
Une usine mise à l'arrêt le 9 juillet. L'inspection des installations classées (Dreal) doit mandater, comme en juillet, un laboratoire accrédité, afin de procéder au contrôle inopiné de rejets. En revanche, "le préfet n'a pas autorisé le redémarrage de la production de valproate de sodium", une autre base de médicaments, à l'usine de Mourenx, souligne le communiqué. Ce redémarrage "reste conditionné à la production par Sanofi d'une étude d'évaluation des risques sanitaires liés au rejet de cette substance, conforme aux prescriptions des experts". Le 9 juillet, Sanofi, sous pression, avait annoncé l'arrêt immédiat de son usine de Mourenx, qui produit notamment l'anti-épileptique Dépakine -lui-même au cœur d'un scandale sanitaire -, après la révélation dans les médias de rejets toxiques hors normes.
Deux plaintes déposées. Une association de riverains, l'Association des riverains des sites industriels du bassin de Lacq (Arsil), a porté plainte contre Sanofi et les autorités administratives chargées du contrôle pour "mise en danger d'autrui" et "administration de substances nuisibles". Une association environnementale, Sepanso-64, a également porté plainte, et France Nature Environnement (FNE) a cité Sanofi-Mourenx à comparaître.
Solène Demonet, en charge des risques industriels à FNE, a estimé mardi que "Sanofi a rédémarré car elle a fait des investissements en quelques semaines et sous la pression. Face à ce constat, nous sommes en droit de nous demander si l'usine de Mourenx est bien gérée, bien entretenue par Sanofi. Nous émettons un doute." "Après cette première mise en conformité, rien n'est gagné. Nous serons vigilants sur ce nouveau 'process' mis en place", a ajouté la représentante de FNE. Elle a par ailleurs réclamé "une étude sur les conséquences de l'exposition des salariés de Sanofi et des riverains suite à l'émission du valproate. On ne sait pas depuis quand ça durait." Le parquet de Pau s'est dessaisi en juillet de la procédure visant Sanofi, pour infraction à la législation relative aux installations classées, au profit du Pôle santé publique du parquet du tribunal de grande instance de Paris.