Les seuils de toxicité du valproate, rejeté par l'usine Sanofi de Mourenx, doivent être revus à la baisse, aucun niveau minimum d'exposition sans risque n'ayant pu être identifié, selon un avis de l'Anses dont l'AFP a pris connaissance vendredi. Les experts de l'Agence nationale de sécurité de l'alimentation (Anses), de l'environnement et du travail n'ont ainsi pas retenu les valeurs toxiques de référence pour le valproate élaborées à partir de données animales ou humaines par les bureaux d'étude mandatés par Sanofi.
L'Anses en désaccord avec Sanofi. En début de semaine, alors que les rejets toxiques hors norme de son usine de Mourenx, dans les Pyrénées-Atlantiques, étaient révélés dans les médias, le groupe pharmaceutique français avait déclaré qu'une étude réalisée à sa demande par un organisme indépendant concluait que les risques sanitaires liés aux rejets actuels et passés de valproate de sodium étaient inférieurs aux valeurs de référence (VTR). Cependant pour l'Anses, "la VTR fondée sur la dose posologique minimale doit être revue au regard des nouvelles études publiées et des effets observés", car "des effets neurodéveloppementaux et néfastes sur la reproduction pourraient apparaître à des doses plus faibles que celles induisant des malformations congénitales".
Dans cet avis rendu jeudi et publié sur son site, l'Agence précise par ailleurs que ses experts n'ont pas pu identifier de dose minimale de valproate "en dessous de laquelle des effets sur la reproduction et le développement sont susceptibles de ne pas se produire". L'Anses avait été saisie le 29 juin par le gouvernement pour évaluer en urgence les données d'impact sanitaire transmises par Sanofi, afin de fixer des prescriptions supplémentaires de sécurité.
Plusieurs plaintes. Sous pression, Sanofi a mis à l'arrêt dès lundi soir son usine de Mourenx pour procéder à des améliorations techniques de ses installations. Le site, qui produit la Dépakine, un anti-épileptique faisant lui-même l'objet d'un vaste scandale sanitaire, ne pourra pas rouvrir tant qu'il ne sera pas mis en conformité en matière de rejets toxiques, a assuré mardi le gouvernement. Une association de riverains du bassin industriel de Lacq, où est située l'usine, a par ailleurs déposé plainte vendredi contre Sanofi et les autorités chargées de son contrôle pour "mise en danger d'autrui et administration de substances nuisibles". Des associations environnementales, France Nature Environnement (FNE) et Sepanso 64, ont également prévu de porter plainte prochainement.