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Jean-Luc Boujon , modifié à
Les habitants du petit village de Cruet s'opposent à la destruction du plus vieux pont métallique d'Europe, construit en 1856. Un pont qui n'est pas en très bon état et vu le coût prévisible des travaux, le département de la Savoie a décidé de le démolir, ce qui ne plaît pas à plusieurs associations locales.

C'est un bras de fer entre élus et associations : en Savoie, les habitants du petit village de Cruet s'opposent à la destruction du plus vieux pont métallique d'Europe, construit en 1856 et qui a servi de modèle à Gustave Eiffel pour sa Tour à Paris.

Un pont qui a inspiré la construction de la tour Eiffel

On l'appelle "le pont des Anglais". Construit au 19e siècle par un ingénieur britannique, ce pont, aujourd'hui désaffecté, est un vrai trésor d'architecture, comme l'explique Roger Dekker de l'association Cruet Nature et Patrimoine. 

"Il y a des innovations sur cet ouvrage qui sont absolument uniques. À commencer par les piles du pont qui ont été fondées avec la méthode Triger qui était révolutionnaire pour l'époque et qui permettait, en enfonçant un tube métallique dans le lit de la rivière pour envoyer de l'air sous pression dans un caisson étanche, aux ouvriers de travailler au sec. Il se trouve que deux piliers de la tour Eiffel sont fondés, eux aussi, sur cette méthode. De la même façon, ce pont est une construction en treillis avec des rivets rivetés à chaud. La tour Eiffel est une construction en treillis avec des rivets rivetés à chaud...", détaille-t-il.

Une affaire qui suscite l'émoi jusqu'en Angleterre

Le pont des Anglais et ses techniques ont donc tout simplement inspiré Gustave Eiffel pour sa tour. Mais son propriétaire, le département de la Savoie, n'en a cure. Selon lui, il faut le démolir. D'autant que rénover ce pont, dangereux et en mauvais état, coûterait bien trop cher, ce qui indigne Jean-Claude Bouchet, lui aussi responsable d'association. "Quand on veut tuer son chien on l'accuse de la rage ! Ce pont n'est pas dangereux et le rénover ne coûterait pas beaucoup plus cher que de le détruire. On ne comprend pas", souffle-t-il.

L'affaire suscite l'émoi jusqu'en Angleterre où l'on veut absolument préserver ce joyau mais la décision sera bien prise en France par la préfète de la région Auvergne-Rhône-Alpes qui vient d'être saisie du dossier.