Martinique, manifestation, Chlordécone 1:46
  • Copié
Fanny Marsot, édité par Antoine Cuny-Le Callet
Ce samedi, la Martinique a connu sa plus grande manifestation depuis les grandes grèves de 2009. Entre 5.000 et 15.000 personnes ont défilé pour dénoncer le scandale du chlordécone, un pesticide qui a contaminé l’île avant son interdiction en 1993. Europe 1 est allée au cœur du rassemblement.
REPORTAGE

"Martinique, lève-toi !" Un chant de révolte en créole est entonné par 5.000 à 15.000 personnes qui se sont réunies samedi pour dénoncer le scandale du chlordécone. "J’espère qu’il y aura un écho dans l’Hexagone", lâche Mickaël, venu avec ses amis. Interdit en métropole en 1990, le pesticide est resté autorisé en Martinique jusqu’en 1993. La justice qui a été saisie pourrait finalement prononcer un non-lieu pour prescription.

Du chlordécone dans le sang de 90% de la population antillaise

A coups de slogans, de drapeaux et de percussions, les manifestants souhaitent que Paris les entende et juge les responsables de cet empoisonnement dont les effets vont durer 600 ans. "On va montrer aux gens que l’on n’est pas là que pour le carnaval", s’exclame Nathalie, venue avec son fils de 4 ans. "Pour une cause comme celle-là, les gens se sont rassemblés. J’ai la chair de poule quand je vois mon peuple venu pour manifester. On est déçus, traumatisés, malades et on ne nous entend pas."

90% de la population antillaise a du chlordécone dans le sang. Celle-ci a le plus fort taux de cancer de la prostate au monde. Dans le cortège, des syndicats, des associations et des partis politiques étaient présents, de même que le diocèse qui distribue des prières pour la justice. Partout, le même espoir : que les criminels soient jugés, condamnés et que les dégâts soient réparés. En plus de ses effets sur la santé des habitants, l’utilisation de ce pesticide dans les bananeraies a déjà impacté l’agriculture, la pêche, l’eau et l’alimentation des antillais.