Nourritures rationnées, hygiène déplorable et prise en charge minimale des résidents : le récit de Victor Castanet, dans Les Fossoyeurs, raconte l’enfer vécu par les résidents des Ehpad du groupe privé Orpea et dénonce tout le système lucratif qui s’est bâti autour de ce secteur. Les révélations de ce livre ont sonné très juste pour beaucoup de familles dont les proches sont dans ces établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). "Les résidents étaient couchés en deux minutes, jetés sur le lit comme des sacs de linge sale. C’était une catastrophe", témoigne Sophie.
"Des conditions abominables"
Sophie, habitante de Lyon de 46 ans, n’a pas été surprise en tournant les pages. Elle connaît bien le problème des négligences en Ehpad. Sa mère, atteinte d’une maladie neurologique, a résidé pendant deux ans dans une structure d’accueil privée. Elle y a vécu "dans des conditions abominables". "Quand j’arrivais le matin, il y avait un mètre de diamètre d’urine et de selles sous son lit…", raconte-t-elle. "Le nombre de protection est rationné, quand les résidents avaient fait sur eux, on ne les changeait pas si ce n’était pas l’heure."
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Après deux ans de calvaire pour sa mère et un dialogue impossible avec la direction, Sophie a décidé de retirer sa mère de l’établissement. Elle vit désormais avec elle. "C’est le jour et la nuit, elle va beaucoup mieux maintenant qu’elle est chez moi. J’aurais dû le faire bien plus tôt."
Monique a pris la même décision, il y a quelques années pour son père résidant dans une Ehpad d’Orpea à Alençon car "le personnel n’était pas formé pour s’occuper de lui, surtout au niveau psychologique".
30 ans de manque de moyens
Ce quotidien n’est pas une surprise non plus pour Sabrina Deliry, cofondatrice de l’observatoire de l’âge et du cercle des proches aidants. Elle dénonce un manque cruel de moyens financiers et humains qui serait à la source de tous ces maux. "Cela fait 30 ans que cette maltraitance institutionnelle existe dans tous les établissements de France", déplore-t-elle. "En moyenne, il y a une aide-soignante pour 10 résidents, elles n’ont pas le temps de s’occuper comme elle le souhaiterait de chaque personne, de doucher tout le monde tous les matins… C’est toujours la course !"
En plus des moyens supplémentaires, Sabrina milite avec son organisation pour la création d’un organe de contrôle indépendant de la vie dans les Ehpad. Elle espère que ce livre sera "un électrochoc qui suscitera l’intérêt des politiques pour la dépendance et le grand âge".