Il s'affiche partout. Dans les médias ou sur internet, le mot "woke" est tendance. Pourtant, pour le grand public, sa signification reste vague. Le mot "woke" vient du participe passé du verbe wake, et signifie "être éveillé". Selon le dictionnaire, où il a fait son entrée cette année, le "wokisme" désigne l'idéologie d'inspiration "woke" centrée sur les questions d'égalité, de justice et de défense des minorités, parfois perçues comme attentatoires à l'universalisme républicain. Mais pour Anne Toulouse, auteure de "Wokisme : la France sera-t-elle contaminée ?", cette définition mérite un ajustement.
"C'était au départ une idée extrêmement généreuse et qui aujourd'hui a dérivé en une espèce de poursuite inlassable des injustices, y compris par celles qui ont été commises par quelqu'un d'autre et contre lesquelles on ne peut rien", regrette-t-elle.
"Diviser la société"
En France, le "wokisme" agrège aussi des sujets comme les études de genre, la remise en cause de certaines figures historiques, l'écriture inclusive ou la "cancel culture", aussi appelée "culture de l'annulation", qui vise à effacer une personne ou une œuvre jugée "inapproprié".
"J'ai l'impression que, comme aux États-Unis, nous sommes en train de négliger l'essentiel au profit de l'accessoire", poursuite l'auteure. "Ici, on apprend aux gens dès leur plus jeune âge qu'ils sont des victimes ou des oppresseurs potentiels. Je pense que ça va diviser la société. Une fois qu'on a divisé, c'est très difficile de réunir." En attendant, en France, le "wokisme" reste méconnu. Selon un sondage Ifop, 14 % seulement des personnes interrogées avaient déjà entendu ce mot et seulement 6 % d'entre elles en connaissaient le sens.