Des mesures "de crise", dont de nouvelles restrictions d'eau, entreront en vigueur le 10 mai dans les Pyrénées-Orientales, département touché par une sécheresse exceptionnelle, et la teneur en sera précisée la veille par un arrêté, a annoncé vendredi le préfet. Ce "niveau d'alerte de crise", le plus élevé, concernera "les territoires de la Têt et de l'Agly", deux fleuves traversant une partie de ce département frontalier de l'Espagne, a-t-il ajouté, au lendemain d'une réunion du Comité local ressource en eau.
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Des "restrictions supplémentaires" pour certains secteurs
"Je ne veux pas être dans une posture qui affecte l'outil de production, qui porte atteinte aux arbres", a souligné le préfet Rodrigue Furcy à propos de l'agriculture, sans indiquer si des dérogations à l'interdiction d'irriguer étaient prévues, notamment pour les fruitiers. Il y aura des "restrictions supplémentaires" pour certains secteurs ou activités : terrains de golf, stations de lavage, ventes de piscines hors sol ou forages, a-t-il précisé.
Rappelant que la sécheresse actuelle est "la plus aiguë depuis 1959", le préfet a fait part de sa volonté d'"éviter les conflits d'usage, les conflits de la guerre de l'eau" et de "gérer la crise de la manière la plus apaisée possible". "On est arrivé à une période où il n'y a plus de neige et où la végétation absorbe beaucoup d'eau. La quantité d'eau que l'on a, c'est celle qu'il faut gérer jusqu'à la fin de l'été", a-t-il averti.
200 millions d'euros de dommages pour les agriculteurs
Jeudi, le président de la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA), Bruno Vila, avait chiffré à 200 millions d'euros les dommages pour les agriculteurs du fait des restrictions actuelles, ajoutant que "dans la pire des situations, cela va être 400 millions". "Ce département vit par anticipation ce que risque de vivre une partie des départements du pourtour méditerranéen", avait noté le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, devant le Comité d'anticipation et de suivi hydrologique (CASH), qui a réuni jeudi à Perpignan les acteurs de la gestion de l'eau au niveau national.
Lundi, Hermeline Malherbe, présidente socialiste des Pyrénées-Orientales - où le premier grand incendie de l'année en France a parcouru environ 1.000 hectares le 17 avril - avait interpellé le chef de l'Etat Emmanuel Macron sur un risque de "catastrophe humaine", demandant "la mise en place d'un fonds de solidarité" pour les secteurs agricole et touristique. Carole Delga, présidente socialiste de l'Occitanie, a soutenu mardi cette demande, annonçant "un dispositif exceptionnel d'un million d'euros" de la région.