Un ciel bleu et peu de nuages à l'horizon. Depuis mi-janvier, la France n'a presque pas connu d'épisodes de pluie. Pire, le pays a enregistré sa plus longue période sans pluies significatives depuis le début des relevés, avec près de 32 jours sans précipitation. Un record catastrophique, alors que l'hiver est la seule période pour les nappes phréatiques, de se recharger et d'assurer l'approvisionnement en eau l'été, lorsque la pluie se fait plus rare.
Résultat, la situation est difficile en France. Le Bureau des recherches géologiques et minières (BRGM) s'inquiétait dès janvier du niveau des nappes et se disait assez pessimiste quant à la disponibilité de l'eau en 2023. Et pour cause : "On est sorti de l'été 2022 avec des sols particulièrement secs, surtout dans certaines régions où on avait atteint, au cœur de l'été, des records d'humidité basse dans les sols", explique la climatologue, Directrice de recherche à l'Institut de recherche pour le développement, Françoise Vimeux.
Une situation déficitaire...
Un été sec, suivi d'un automne doux qui a ralenti l'humidification des sols en maintenant l'évaporation, précise la climatologue. Et la présence d'un anticyclone sur le pays dès les premières semaines de l'année, "des hautes pressions qui agissent un peu comme un bouclier contre les masses d'air humide qui nous arrivent généralement à cette saison de l'océan Atlantique", n'a pas arrangé les choses, souligne Françoise Vimeux.
Ainsi, le déficit de pluie en février 2023 devrait atteindre voire dépasser les 50%, prévient Météo France. Mais il n'est pas impossible que la situation change dans les prochaines semaines, avant la fin de la saison de recharge des nappes phréatiques, fin mars, tempèrent les climatologues. "Si la situation doit s'inverser, cela doit se faire dans les prochaines semaines, tant que la végétation est en dormance", précise Françoise Vimeux. Car une fois la végétation est repartie, "l'eau ne pourra plus s'infiltrer en profondeur pour remplir les nappes", car elle sera captée par les plantes, poursuit-elle.
... mais qui peut encore s'inverser, sous conditions
Alors, pour compenser le manque d'eau sur les six derniers mois, il devrait pleuvoir l'équivalent de 14 jours à Paris (soit 95,5 mm d'eau), l'équivalent de 16 jours à Dijon (108 mm) ou encore, l'équivalent de 24 jours de pluie à Toulouse (137 mm de pluie). Des chiffres deux à trois fois supérieurs par rapport aux normales de saisons pour un mois de mars, alerte le journal Le Parisien.
"Nous avons déjà observé des fins d'hiver et des débuts de printemps très secs comme en 2012 par exemple, ou nous avions connu un hiver très déficitaire, mais qui a été suivi d'un mois d'avril exceptionnellement arrosé avec des précipitations presque deux fois plus élevées que d'habitude", explique Simon Mittelberger, climatologue à Météo France. "Cela a permis d'éviter l'installation d'une sécheresse au printemps et à l'été", poursuit-il, soulignant que les sols "réagissaient très rapidement".
De nouveaux épisodes de pluies sont attendus dans les prochains jours. Restent à savoir si ces précipitations seront suffisantes, ou si les préfets devront rapidement prendre des mesures pour limiter la consommation d'eau dans les territoires les plus touchés par la sécheresse.