"L'agriculteur sait qu'il doit vivre avec le climat. Sauf que là, ça fait quand même trois années de suite... Ça nous inquiète beaucoup." À Gommersdorf, dans le Haut-Rhin, le producteur de lait Denis Nass craint des lendemains difficiles à cause du manque de précipitations. Des inquiétudes justifiées si l'on en croit la carte publiée jeudi par le ministère de la Transition écologique, qui place le Haut-Rhin parmi les départements à "risque très probable" de sécheresse pour cet été.
Les agriculteurs s'adaptent...
Sur le terrain, les agriculteurs n'ont pour le moment pas d'autres choix que de s'adapter. Denis Nass attend ainsi l’aide des céréaliers de la plaine d’Alsace pour qu’après leur blé, ils produisent des plantes fourragères à destination des éleveurs.
Il y aurait bien une autre solution. "Quand le climat devient trop variable, la seule façon de faire serait d'irriguer beaucoup plus", tempère Vazken Andréassian, directeur de l'unité de recherche en hydrologie à l’Inrae (Institut national de recherche pour l’alimentation, l’agriculture et l’environnement) vendredi sur Europe 1.
Mais cette option est "relativement peu développée en France" et "toutes les terres cultivées ne sont pas irrigables", à cause de l'absence de "barrages-réservoirs" et de "nappes aquifères", note le chercheur.
...les particuliers aussi
Les agriculteurs ne sont pas les seuls à devoir faire face. À Masevaux, à une vingtaine de kilomètres au nord de Gommersdorf, des travaux sont en cours pour garantir l'accès à l'eau des habitants de ce village habitué aux allers-retours estivaux des camions-citernes d'eau potable. Pour Florent Ducottet, en charge de l’eau à la commune, la sécheresse "est une menace très concrète", notamment à cause des "coupures d'eau".
À l’automne, si tout va bien, cette menace devrait cependant disparaître pour les 100 habitants d’un hameau du village grâce à l'installation de deux kilomètres de tuyaux reliés à la rivière en bas de la vallée. Ici, désormais, on ne compte plus sur les sources de montagnes.
Les cours d'eau et les nappes phréatiques ont profité "d'un bon hiver"
Une bonne nouvelle, cependant. Pour Vazken Andréassian, l'état des cours d'eau et des nappes phréatiques n'est pas inquiétant, grâce à "un bon hiver avec une bonne recharge". "Même en amont de Paris, les grands barrages-réservoirs qui vont assurer l'alimentation de la Seine cet été sont pleins à 90% au minimum, et ils seront pleins d'ici à la saison de remplissage fin juin."