Une phrase qui passe mal. Au lendemain des révélations du rapport Sauvé, Monseigneur de Moulins-Beaufort, le président de la Conférence des évêques de France (CEF), a affirmé que le secret de la confession était "plus fort que les lois de la République". Des propos dénoncés par le gouvernement jeudi. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a d'ailleurs invité le président de la CEF pour s'expliquer sur ses propos. Une invitation officielle acceptée par l'archevêque de Reims qui montre que le ministre, chargé des cultes, veut remettre l'Église face à ses responsabilités.
Gérald Darmanin a même appelé directement Éric de Moulins-Beaufort pour lui demander de venir mardi, en début d'après-midi. "Les propos du président de la CEF ont provoqué un certain émoi. À un moment, il faut qu'il précise sa pensée. On ne peut laisser croire que la justice soit entravée", ajoute l'un des conseillers du ministre.
Le secret de la confession ne doit pas déroger au Code pénal
Dans ses recommandations, Jean-Marc Sauvé, à la tête de la commission indépendante qui a enquêté sur la pédocriminalité dans l'Église, demande que les autorités religieuses formulent un message clair aux confesseurs et aux fidèles. Jamais le secret de la confession ne doit déroger à l'obligation prévue par le Code pénal de signaler aux autorités judiciaires les cas de violences sexuelles.
"Le secret de la confession ne peut pas être opposé à l'obligation de dénoncer les atteintes graves sur des mineurs ou des personnes vulnérables", explique Jean-Marc Sauvé sur Europe 1. L'Église, elle, s'appuie sur une circulaire de 2004 qui reconnaît le secret professionnel dont bénéficierait le prêtre. Par ailleurs, Jean-Marc Sauvé se réfère également à un principe de droit naturel qui réside en l'obligation de la protection de la vie et de la dignité des personnes.
L'Église attaquée sur ses textes, sur ses enseignements
Mais dans un communiqué publié jeudi en fin d'après-midi, Mgr de Moulins-Beaufort défend à nouveau le secret de la confession. Pour lui, c'est précisément pour que la parole des victimes puisse se libérer dans l'enceinte du confessionnal qu'il faut que le secret de la confession reste absolu. Un secret professionnel que la République a toujours respecté, selon lui, et qui n'est pas, pour l'archevêque de Reims, contraire au droit pénal français.
Ce qui se joue en réalité, c'est que pour la première fois, l'Église est attaquée directement sur ses textes, sur ses enseignements, comme obstacle au traitement de la pédophilie en son sein. L'islam, lui, a beaucoup plus été questionné sur ses propres textes. Pour l'Église, l'être à son tour est intolérable.