L'abbé intégriste qui comparaissait depuis mardi devant la cour d'assises des Yvelines pour "viols" et "viols avec actes de barbarie" sur trois enseignantes a été condamné à 16 ans de réclusion criminelle vendredi, après plus de quatre heures de délibérations.
Condamné pour les viols. La cour, qui a suivi les réquisitions du ministère public, a assorti cette peine d'une injonction de soins durant six ans, dans le cadre d'un suivi socio-judiciaire. L'abbé Christophe Roisnel n'a en revanche été condamné que pour les viols et non pour les actes de barbarie dont l'accusait l'une de ses victimes. Le religieux de 43 ans sera en outre inscrit au fichier des auteurs d'infractions sexuelles. Un huis clos, de droit dans ce genre d'affaire, avait été demandé par les parties civiles.
Supérieur hiérarchique de l'une de ses victimes. Seules deux des trois victimes du religieux étaient parties civiles et présentes à l'audience : l'institutrice dont l'accusé était le directeur et une amie de celle-ci, enseignante dans un autre établissement. Le religieux, homme fluet à la voix légèrement éraillée, front dégarni, cheveux poivre et sel et fines lunettes métalliques, qui comparaissait détenu, est resté impassible au prononcé du verdict. Il a dix jours pour faire appel. Il avait été mis en examen et écroué en avril 2014 pour des actes commis en 2010 au sein notamment de l'école Notre-Dame de la Sablonnière à Goussonville, près de Mantes-la-Jolie, un établissement proche de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, mouvement traditionaliste lefebvriste en rupture avec l'Eglise catholique. D'autres faits s'étaient déroulés à Villette (Yvelines), ainsi qu'au domicile des parents de l'accusé, à Saint-Quentin-sur-le-Homme (Manche).
Faire revivre à ses victimes leurs prétendus viols. Les victimes l'accusaient d'avoir usé de son ascendant psychologique sur elles pour parvenir à ses fins. Son mode opératoire : évoquer avec elles des agressions sexuelles, réelles ou inventées, que celles-ci auraient subies par le passé, pour les convaincre de la nécessité d'une "thérapie". Il leur faisait alors revivre ces épisodes traumatiques pour pouvoir les dépasser. L'accusé a contesté pendant tout le procès les faits qui lui étaient reprochés, estimant que les relations étaient consenties, selon son avocat Me Jérôme Triomphe, qui a plaidé l'acquittement.
Me François Souchon, avocat des parties civiles, s'est dit "assez satisfait", ses clientes "ayant été reconnues comme victimes" après avoir vu leur parole mise en doute tout au long de la procédure par l'accusé.