Le 28 mai 1996, Jacques Chirac annonce la fin du service militaire. Vingt ans plus tard, 80% des Français souhaitent son retour. Les inscriptions à l'armée sont en hausse. 85.000 jeunes se sont engagés dans le service civique, l'émission Garde à vous sur M6, a rencontré un certain succès… Mercredi, Guillaume Bigot, essayiste et directeur Général Ipag Business School et Raphaël Saint-Vincent, chargé de la prévention du risque terroriste au sein de l'Union des Sociétés d'Education Physique et de Préparation Militaire (USEPPM) étaient invités dans Il n'y a pas deux comme elle. Ensemble, ils évoquent plusieurs pistes qui permettent de comprendre le retour en grâce du service national.
- Il apprend à se défendre
Avec le contexte des attentats, l'angoisse reste présente. Pour Guillaume Bigot, ce serait une erreur de croire "qu'on peut défendre la société en confiant la sécurité à une minorité de professionnels (Raid, GIGN, les commandos spécialisés, etc.) car ils vont assez rapidement être saturés. Il faut des gens pour sécuriser le terrain et savoir faire face à la violence, pas pour être agressif mais pour faire diminuer le niveau de violence."
- Il canalise la violence
Pour Raphael Saint-Vincent, les hommes ont besoin d'un cadre. "L'instinct violent, humain, a besoin d'être canalisé. On peut parler du djihad mais on peut aussi parler des tueries aux Etats Unis", souligne-t-il. Pour Guillaume Bigot, avec le service militaire, "cette poussée violente se transforme en quelque chose de socialement utile. On éduque la violence, ça s'apprend. Ce n'est plus de la violence mais de la force."
- Il crée une fraternité
Si pour beaucoup, le service militaire n'était pas plaisant et fait remonter des souvenirs mitigés, il a un grand bénéfice selon Guillaume Bigot : "Avec le recul, on s'est rendu compte qu'il créait un véritable brassage social." Pour lui rétablir le service de manière universelle serait le moyen de rassembler "des nanas du 16e ou de Neuilly avec des beurettes des cités sous le même uniforme", au-delà delà des différence de religions et de milieux sociaux."
Rapide à rétablir théoriquement, moins en pratique
Un simple décret rétablirait le service juridiquement. Le bémol viendrait plus de la possibilité matérielle d'une telle décision. "L'armée s'es reformatée. ce n'est pas si simple d'accueillir toute une classe d'âge", réagit Guillaume Bigot. pour lui le service, s'il devait revenir devrait être plus court, être mixte, réellement militaire "et pas civique", sans exemptions. Mais malgré la nouvelle popularité du service militaire, s'il était a nouveau à l'ordre du jour, "il y aurait des levées de boucliers. ceux qui ont la nostalgie aujourd'hui, c'est ceux qui l'ont vécu et pas ceux qui auraient à interrompre leur travail ou leurs études pour se former."