Les députés de La France insoumise (LFI) Eric Coquerel et Alexis Corbière ont appelé lundi le gouvernement à reculer sur son projet de réforme de la SNCF, alors qu'Edouard Philippe rencontre les syndicats de cheminots.
Une "pression suffisante" pour "contester le projet". "C'est une première victoire pour les syndicats. Ils ne voulaient plus négocier avec [la ministre des Transports] Mme [Elisabeth] Borne, et ils se retrouvent avec le Premier ministre", a salué Eric Coquerel sur CNews. "Quand vous montez entre guillemets de grade dans vos interlocuteurs ça veut dire que vous avez mis une pression suffisante pour être en capacité de contester un projet", a estimé le député de Seine-Saint-Denis.
Le rejet d'un amendement pour des titres "incessibles". "Je pense qu'il faut retirer le projet pour commencer", a appelé l'élu LFI, dénonçant une loi qui "va vers une privatisation rampante de la SNCF quoi qu'en dise le gouvernement". Dans son viseur notamment, le rejet d'un amendement de La France insoumise sur l'aspect "incessible" des actions SNCF, lors des débats précédant l'adoption du projet de loi en première lecture par l'Assemblée nationale. Le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux avait justifié courant avril ce rejet, évoquant "une raison technique très simple : si demain nous voulons accroître le capital, avec des titres incessibles, c'est impossible".
Un "rapport de force" qui s'installe, selon Coquerel. "La question aujourd'hui c'est celle du rapport de force, moi je crois qu'il s'installe", a estimé le député, alors qu'Édouard Philippe répète que certains sujets clés de la réforme ne sont "pas négociables" : "nous ne reviendrons pas sur l'ouverture à la concurrence, nous ne reviendrons pas sur la réorganisation de l'entreprise et sur la fin du recrutement au statut", a assuré le Premier ministre vendredi.
"Ce qui s'est passé à Air France vendredi est de nature justement à encourager les syndicats", a cependant rétorqué Eric Coquerel. "On a encore beaucoup beaucoup de jours au mois de mai pour justement mettre la pression". Jean-Marc Janaillac, PDG démissionnaire d'Air France, a quitté son poste après le rejet par les salariés du projet de sortie de crise proposé au personnel. "Pourquoi pas, ça pourrait être une issue [pour la SNCF]", a déclaré Alexis Corbière, lui aussi député LFI de Seine-Saint-Denis, sur LCI, jugeant "digne" la décision du patron d'Air France.