Le conflit sur les salaires s'étend aux cheminots : trois des quatre syndicats représentatifs de la SNCF appellent à la grève le 6 juillet, veille des vacances d'été, pour réclamer des hausses de salaires face à une inflation qui s'envole. "Le contexte d'inquiétude et de colère est là", pose Fabien Dumas, secrétaire fédéral SUD-Rail dont le syndicat, avec la CGT-Cheminots et la CFDT-Cheminots, appelle à la mobilisation. "Entre l'ouverture à la concurrence et huit ans de gel de salaire, tout le monde se demande à quelle sauce il va être mangé", ajoute-t-il.
La direction reste muette face demandes des syndicats
Selon les syndicats, les salaires à la SNCF n'ont pas été revalorisés depuis 2014. L'inflation, qui a accéléré en mai à 5,2% sur un an et affecte de nombreux postes de dépenses (énergie, transports, alimentation) touche "durement les cheminots" qui "subissent un recul net et fort de leur pouvoir d'achat", écrivent les syndicats dans un communiqué.
Le 16 juin, ils avaient fait une "demande de concertation immédiate" sur la question des salaires au président de la SNCF Jean-Pierre Farandou, restée lettre morte. "La direction a refusé de recevoir les organisations syndicales (...) renvoyant les échanges à des réunions bilatérales en cours", déplore le communiqué. La direction a tout de même prévu une table ronde avec les partenaires sociaux le 6 juillet, jour qu'ont choisi les syndicats pour organiser cette grève et aussi veille du début des vacances d'été. La SNCF, qui s'apprête à vivre un été record avec huit millions de billets déjà vendus, soit "10% de plus qu'en 2019", n'a pas souhaité apporter de commentaire.
Les cheminots s'inquiètent de la cadence de ce qui leur est demandé
Face aux critiques sur une insuffisance d'offre de la SNCF, avec des trains pour beaucoup déjà complets, le PDG Jean-Pierre Farandou a assuré jeudi sur France 2 être "à bloc". "On rajoute des rames, on fait des compositions doubles avec deux rames à la fois", a-t-il détaillé, saluant la mobilisation des cheminots. Jeudi, Le Parisien révélait qu'une dizaine de trains sur l'axe sud-est avaient dû être annulés cette semaine en raison de problèmes de maintenance bloquant des rames à l'atelier. Un raté lié au manque d'effectifs chez les techniciens, a accusé SUD-Rail.
Rien à voir, rétorque la SNCF, qui attribue le problème à un accident de personne dimanche après-midi. Il "a eu un gros impact sur la gare de Lyon avec beaucoup de retards" qui a conduit à "décaler tout le cycle de maintenance", donc à annuler certains trains, a affirmé vendredi à l'AFP un porte-parole.
Pour autant, les syndicats s'inquiètent de la cadence qui leur est demandée pour cet été. "On nous dit de faire plus de trains, mais encore faut-il qu'il y ait les moyens qui soient mis en place", s'inquiète Thomas Cavel secrétaire général de la CFDT-Cheminots. "On a une activité qui va bien, mais quelle est la part de redistribution dans tout ça ?", interroge-t-il.
Le PDG de la SNCF reconnaît une "période difficile"
Les cheminots demandent "des mesures de rattrapage salarial de l'inflation", mais aussi "une augmentation générale des salaires et la revalorisation des primes" ou encore "une revalorisation de l'ensemble des allocations, gratifications et indemnités". L'Unsa-ferroviaire ne s'est pas encore jointe à l'appel à la grève et donnera sa réponse quant à sa participation le 28 juin prochain.
Différents mouvements de grève agitent actuellement la SNCF, notamment en Île-de-France, avec un trafic perturbé par des travaux qui entraînent des changements de dernière minute de plannings des conducteurs, dénoncés par les syndicats. Interrogé sur ces mouvements, Jean-Pierre Farandou a reconnu une "période difficile", notamment en région parisienne pour les usagers et les conducteurs, et indiqué que des discussions avec les partenaires sociaux étaient "engagées" avec "toutes les options" sur la table.