Solène, 48 ans, vit en Meurthe-et-Moselle. Elle estime que sa gentillesse naturelle est devenue un fardeau. Au travail notamment, sa bienveillance s'est retournée contre elle lorsqu'elle n'a pas su s'opposer au comportement abusif de l'une de ses collègues. Au micro d'Olivier Delacroix, sur Europe 1, elle explique pourquoi la gentillesse est, selon elle, une qualité qui peut vite handicaper celui qui la possède.
"Je pense que j'ai toujours été plutôt gentille. J'ai été élevée comme ça, c’est dans ma nature, et aujourd'hui je le paye parce que j'ai des soucis dans mon travail. J'ai été harcelée, tout ça parce que je n'ai pas su me rebeller, refuser certaines choses, me défendre.
Grâce à cette histoire, je me découvre, et je me rends compte que je suis quelqu'un d'hyper sensible, les choses me touchent beaucoup. Si je n'étais pas aussi sensible, aussi gentille… J'ai de l'empathie pour les gens. Je pense que c'est une qualité, je le pense réellement, mais quand je vois ma situation actuelle […], je me dis que, finalement, être gentille n'est pas si facile que ça, il y a des conséquences.
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Solène a été manipulée par l'une de ses collègues, qui a finalement été renvoyée pour cause de harcèlement.
Pour en avoir parlé avec les médecins du travail, je pense que l'on pourrait dire que ma collègue qui a été renvoyée était une perverse-narcissique. Elle avait un mauvais comportement avec moi […]. J'ai une collègue qui est partie au bout d'un an parce qu'elle ne la supportait plus, et c'est grâce à elle que je me suis rendu compte que j'étais également harcelée. On me disait toujours : 'Tu es trop sensible, tu es trop anxieuse, tu te fais des idées…'
Cette collègue [qui m'a harcelée], je l'ai toujours vue comme une personne : c'est une mère de famille, quelqu'un qui avait eu des problèmes dans sa vie… Ça n'est pas que je lui trouvais des excuses, mais j'ai toujours vu une personne derrière la fonction. Je n'ai pas su lui dire, à un moment : 'Stop, ça suffit.'
Désormais, Solène a l'impression que ses autres collègues lui font payer ce qui s'est passé. De quoi la pousser à s'interroger sur son avenir professionnel...
Il y a eu pas mal de démissions. On a été plusieurs à témoigner mais de toutes ces personnes je suis actuellement la seule qui reste dans le service. [Les autres] me le font payer, parce qu'elles estiment que ce qui s'est passé n'était pas vrai. À l'heure actuelle, je ne suis pas mise au placard, mais je n'ai plus dans ce service qu'une fonction. En tant que personne, je n'existe plus.
Je me dis qu'être gentille, avoir de l'empathie, est plutôt une qualité, mais j'essaye aussi de dire à mon fils qu'il ne faut pas être trop gentil parce que les gens peuvent être très méchants et agressifs.
Je vais être obligé de quitter mon emploi, ça fait un an que je vis dans une ambiance qui n'est pas possible et je me dis, maintenant, que je mérite mieux que ça. Tant pis pour le travail !"
>> Retrouvez l'intégralité du témoignage de Solène, au micro d'Olivier Delacroix.
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