Nicolas Sarkozy s'est désisté de son action en diffamation contre l'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine, qui devait être jugé en septembre à Paris pour avoir affirmé à Mediapart avoir remis 5 millions d'euros d'argent libyen au camp de l'ancien chef de l'État.
Dans une lettre adressée lundi au tribunal et dont l'AFP a eu connaissance, Thierry Herzog, l'avocat de Nicolas Sarkozy, annonce que son client "se désiste purement et simplement de cette instance". L'avocat explique ce désistement par des éléments "révélés par la presse" au printemps, qu'il considère à décharge pour Nicolas Sarkozy dans l'enquête en cours sur les soupçons de financement par l'ex-régime de Kadhafi de sa campagne présidentielle de 2007, car venant "démentir cruellement les différentes déclarations" de Ziad Takieddine.
Nicolas Sarkozy mis en examen depuis mars 2018
Dans cette affaire, Nicolas Sarkozy est mis en examen depuis mars 2018, notamment pour "corruption passive" et "recel de détournements de fonds publics libyens", des faits qu'il conteste. La cour d'appel de Paris examinera ses recours le 17 octobre.
Nicolas Sarkozy "attendra donc l'issue de cette information (judiciaire, ndlr), qui fera nécessairement litière des assertions infondées et mensongères qu'il avait souhaité poursuivre (...) ce qui lui permettra alors de faire rétablir ses droits, sur un autre fondement procédural, à savoir celui de la dénonciation calomnieuse", poursuit l'avocat.
Ziad Takieddine reste poursuivi par Claude Guéant
Le procès de Ziad Takieddine, qui était prévu les 26 et 27 septembre devant le tribunal correctionnel, est donc annulé. Il reste toutefois poursuivi par l'ex-secrétaire général de l'Élysée Claude Guéant pour la même vidéo publiée par Mediapart et doit comparaître le 19 décembre prochain.
Dans cette vidéo publiée le 15 novembre 2016 sur le site d'informations, accompagnée d'un article, l'homme d'affaires, présenté comme un intermédiaire dans les relations franco-libyennes, confiait avoir convoyé entre novembre 2006 et début 2007 "un total de cinq millions d'euros" dans des valises lors de trois voyages entre Tripoli et Paris.
Des fonds qu'il aurait remis deux fois à Claude Guéant, directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, mais aussi à l'ancien chef de l'État lui-même. Ces derniers avaient farouchement démenti ces allégations et annoncé des poursuites.
À la suite de ses déclarations, Ziad Takieddine avait été mis en examen pour "complicité de corruption et de trafic d'influence actifs et passifs".