Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et la préfète du Bas-Rhin, Josiane Chevalier, ont annoncé lundi porter plainte, pour des motifs différents, après la tenue samedi d'un spectacle "illégal" de l'humoriste controversé Dieudonné. Dieudonné s'est produit samedi soir dans un hangar de Geispolsheim, dans le Bas-Rhin, près de Strasbourg. Dimanche, dans une vidéo d'un spectacle postée sur son compte Twitter, il invitait les porteurs "du virus asiatique" présents dans la salle à se rendre "au commissariat afin de contaminer les fonctionnaires de police".
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a dénoncé "ces nouvelles provocations envers nos forces de l'ordre" et annoncé sur Twitter le dépôt d'une plainte. La préfète du Bas-Rhin, Josiane Chevalier, a elle aussi annoncé lundi porter plainte contre l'organisateur du spectacle et contre le propriétaire du hangar pour "mise en danger de la vie d'autrui", en soulignant le danger d'un tel rassemblement en temps d'épidémie de Covid-19. La préfète à dénoncé une "attitude irresponsable" face à ce spectacle "illégal" qui a réuni 300 personnes, "serrées les unes contres les autres, et dont une bonne partie ne portait pas de masque". "Il s'agit d'un cluster potentiel. Ce genre de comportement vient anéantir tous nos efforts, c'est inacceptable et c'est aussi un mépris profond pour nos soignants", a-t-elle conclu.
"Tout était clos, il n'y a pas de ventilation"
"Dans ce hangar, qui n'est pas destiné à accueillir du public, tout était clos, il n'y a pas de ventilation", a souligné Laure Pain, médecin à l'Agence régionale de santé du Grand Est. "On se retrouve dans un bouillon de culture. Avec toutes les personnes qui étaient sans masque, il suffit qu'il y en ait une qui soit porteuse du virus pour contaminer les autres" a-t-elle insisté en appelant à "une prise de conscience". La préfète a enjoint aux personnes qui ont assisté au spectacle de se faire dépister, afin d'"éviter une propagation plus importante encore". Le général Marc Clerc, commandant du groupement de gendarmerie départementale, a quant à lui annoncé l'ouverture de deux enquêtes pour "relever toutes les infractions" commises au cours de la soirée.
Habitué des tribunaux, Dieudonné a été condamné à plusieurs reprises par la justice pour ses propos haineux. Sa dernière condamnation remonte au 10 septembre : il avait écopé de 10.000 euros d'amende pour des propos racistes tenus en juin 2017 lors de son spectacle le "bal des quenelles". Il a également l'habitude de se produire dans des lieux clandestins dont l'adresse n'est communiquée qu'au dernier moment aux spectateurs qui ont acheté leur billet, comme ce fut le cas samedi à Geispolsheim.