Les supporters de Liverpool entendus au Sénat sur le fiasco sécuritaire de la finale de la Ligue des champions ont appelé mardi Gérald Darmanin à démissionner, fustigeant les "mensonges sans fin" du ministre de l'Intérieur, qui avait initialement pointé du doigt la responsabilité des fans anglais. "Vous, Monsieur, avez humilié les habitants de Paris. Vos mensonges sans fin et vos faux récits n'ont fait qu'amplifier notre traumatisme", a asséné Ted Morris, représentant de l'Association des supporters handicapés de Liverpool, présent au Stade de France le jour de cette finale perturbée par de graves dysfonctionnements dans l'organisation.
Darmanin avait fustigé les supporters anglais après la finale
"Je vous demande de retirer vos accusations sauvages et sans fondement et, si vous n'avez pas la décence de le faire, vous devez choisir la solution la plus honorable et démissionner", a-t-il lancé devant la délégation sénatoriale qui planche sur ces incidents. Dans les heures suivant la rencontre, Gérald Darmanin avait fustigé les supporters anglais, présentant la thèse d'une "fraude massive, industrielle et organisée de faux billets" créant le désordre.
Puis, lors de son audition devant le Sénat le 1er juin, le ministre de l'Intérieur avait esquissé un mea culpa tout en maintenant le chiffre controversé de "35.000 supporters" munis, selon lui, de billets falsifiés ou dépourvus de billet. Devant les sénateurs mardi après-midi, Ted Morris a lu les témoignages de plusieurs supporters handicapés "traumatisés" par ces incidents, victimes de vols ou d'agressions par des bandes locales à Saint-Denis ou aspergés de gaz lacrymogènes par les forces de l'ordre.
"Je ne pardonnerai jamais aux autorités qui sont responsables"
"C'est l'expérience la plus terrifiante que j'ai jamais eue en Europe avec Liverpool", a-t-il dit. "Je ne pardonnerai jamais aux autorités qui sont totalement responsables", a-t-il poursuivi, rappelant le traumatisme vécu en 1989 par Liverpool à Hillsborough, où un gigantesque mouvement de foule avait provoqué la mort de 97 supporters.
Membre du groupe de supporters "Spirit of Shankly", Joe Blott a lui aussi demandé aux autorités françaises de "retirer" leurs accusations et de présenter "des excuses complètes", pointant la réputation écornée de la France comme pays hôte d'événements sportifs majeurs. "Pour assurer la sécurité des supporters lors de la Coupe du monde de rugby (en 2023, NDLR) et aux Jeux olympiques (2024) dans les prochaines années, il faut une enquête complète, indépendante et transparente pour que le monde retrouve confiance dans la capacité de la France à organiser des événements sportifs planétaires", a-t-il asséné.