Stanislas : la polémique autour de l'établissement élitiste ne faiblit pas

© Magali Cohen / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
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avec AFP
La très élitiste école privée Stanislas à Paris, accusée de "dérives" dans un rapport officiel, fera l'objet d'un "plan d'action" suivi avec "rigueur", a promis la ministre de l'Education qui y scolarise ses enfants mais des élus de gauche et la mairie de Paris veulent maintenir la pression.

La direction de cet établissement huppé et le diocèse de Paris jugent au contraire que ce rapport d'inspection de l'Education nationale ne valide pas les graves reproches relayés dans plusieurs récentes enquêtes journalistiques. Le rapport, révélé mardi par Mediapart, "a été commandé en février 2023, et bouclé début août 2023. Et aussitôt, Gabriel Attal (alors ministre de l'Education) a demandé au rectorat et à l'inspection générale de suivre un plan d'action qui fait presque 15 mesures", a déclaré Amélie Oudéa-Castéra sur France 2.

 

Ce plan "sera suivi avec toute la rigueur nécessaire", a ajouté la ministre, dont les enfants sont scolarisés dans cette école privée catholique sous contrat, qui accueille 3.500 élèves de la maternelle aux classes préparatoires. "Je précise que ce rapport ne remonte aucun fait d'homophobie, ni aucun cas de harcèlement. Le seul cas d'homophobie a fait l'objet d'un signalement au procureur via la procédure de l'article 40", a dit la ministre, accusée d'avoir dénigré l'enseignement public pour justifier le transfert de son fils aîné à Stanislas.

"Nous prenons acte des 14 préconisations du rapport"

Dans un article mercredi soir, Mediapart publie de nouveaux documents attestant la tenue de propos à caractère homophobe dans l'enceinte de l'établissement au début des années 2010. Le directeur de l'école Stanislas, Frédéric Gautier, s'est "étonné" de la publication du rapport et affirme que les inspecteurs "ne confirment pas les faits d'homophobie, de sexisme et d'autoritarisme mis en avant par les articles de presse", dans un communiqué publié mardi.

 

"Nous prenons acte des 14 préconisations du rapport", a-t-il cependant ajouté. Celles-ci "doivent faire l'objet d'un travail approfondi avec le rectorat de Paris", a-t-il précisé dans un second communiqué mercredi. L'établissement a "en interne commencé à travailler" sur celles qui dépendent de sa "responsabilité". L'enjeu pour l'établissement étant de conserver les avantages financiers qui régissent le privé sous contrat avec l'Etat.

Un signalement au procureur de Paris

De son côté, la direction diocésaine de l'enseignement catholique de Paris a estimé qu'"à l'exception d'un seul cas" qui "a été traité en mettant fin aux fonctions de la personne concernée", il n'a "pas été fait état de sanctions possibles dans nos échanges avec l'administration" ou "d'irrégularité grave".

"La mission (d'inspection) nous a indiqué ne pas confirmer les accusations qui avaient motivé cette enquête", affirme la direction diocésaine. Les sénateurs communistes Ian Brossat (Paris) et Pierre Ouzoulias (Hauts-de-Seine) ont pour leur part annoncé "saisir aux côtés de SOS Homophobie la justice" au vu des conclusions du rapport.

Ils affirment effectuer "un signalement au procureur de Paris au titre de l'article 40 du code de procédure pénale" et saisir "par voie d'avocat le préfet de Paris pour demander le déconventionnement du lycée". Le rapport officiel de l'Éducation nationale relève notamment "des dérives dans l'application du contrat d'association" de l'établissement avec l'Etat, comme par exemple l'obligation de suivre des cours de catéchisme, contraire à la loi.

Paris suspend provisoirement le financement à Stanislas

"Dérives" également dans la teneur de ces cours, selon le rapport, qui souligne que "certains catéchistes expriment des convictions personnelles qui outrepassent les positions de l'Église catholique, par exemple sur l'IVG" ou "susceptibles d'être qualifiées pénalement sur l'homosexualité".

Mercredi soir, la Ville de Paris a annoncé qu'elle allait suspendre provisoirement son financement à Stanislas, en attendant des "clarifications" de la part de l'Etat en particulier sur le plan d'actions demandé à l'établissement.Au titre de l'année scolaire 2022-2023, elle avait versé 1.373.905 euros pour les écoles maternelle, élémentaire et le collège. La ministre déléguée chargée de la lutte contre les discriminations, Aurore Bergé, a appelé l'établissement à "se conform(er) à ses obligations".