Le ministère de la Transition écologique va étudier la "faisabilité" d'un "déstockage partiel" des déchets industriels toxiques du site de Stocamine, a-t-il annoncé après une rencontre avec des élus alsaciens opposés au maintien sous terre de ces déchets dangereux.
Le chantier de confinement des déchets se poursuit. Le ministère avait annoncé fin janvier sa décision de renoncer à extraire plus de 40.000 tonnes de déchets industriels dangereux enfouis à 500 mètres sous terre dans l'ancienne mine de potasse à Wittelsheim, dans le Haut-Rhin. Mais plusieurs élus alsaciens continuent de réclamer leur extraction, mettant en avant le "principe de précaution", notamment en raison des risques de "pollution de la nappe phréatique d'Alsace". Le ministre de la Transition écologique François de Rugy qui les a reçus mardi leur a confirmé "que le chantier de confinement des déchets restants se poursuivrait", avec "les garanties les plus strictes en matière de protection de la nappe phréatique", selon un communiqué du ministère.
Les résultats de l'étude attendus d'ici un an. Mais dans un "esprit d'apaisement et d'écoute des propositions des élus locaux et des inquiétudes des citoyens", le ministre a également annoncé "le lancement d'une étude technique et financière de la faisabilité de la poursuite d'un déstockage partiel, en parallèle de la poursuite du confinement, et étalé jusqu'à 2027". Cette étude devra rendre ses conclusions "d'ici un an au plus tard".
Il a également promis une réunion d'information pour présenter l'expertise du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) qui a montré que "le déstockage des déchets restants présenterait aujourd'hui des risques plus importants et plus graves que la poursuite de leur confinement", a ajouté le communiqué.
"C'est une porte qui s'ouvre", se satisfont les élus locaux. Bruno Fuchs député (LREM) du Haut-Rhin, co-auteur d'un rapport parlementaire qui préconisait l'extraction des déchets, a dit à l'AFP être "satisfait" des échanges avec le ministre. "C'est une porte qui s'ouvre, le ministre a écouté nos arguments (...) Il a fait un geste d'apaisement", a-t-il estimé. Pour le député, "il faut au moins extraire tous les produits solubles" du site de Stocamine. "Ces échanges nourris ont permis l'ouverture d'une perspective (...) qu'il conviendra de préciser au cours des prochaines semaines mais qui traduit une évolution que je salue ce soir", s'est également félicité dans un communiqué le député LR du Haut-Rhin Raphaël Schellenberger.
"Ce n'est pas cette proposition qui va freiner la mobilisation". "C'est ridicule, si on ne destocke qu'une partie, le risque continue d'exister", s'est insurgée Josiane Kieffer, porte-parole du collectif Destocamine, composé d'associations et de syndicats d'anciens mineurs. "Ce n'est pas cette proposition qui va freiner la mobilisation", a-t-elle affirmé. Environ 150 personnes ont bloqué mardi pendant quelques heures l'accès au site de Stocamine pour protester contre le maintien annoncé des déchets.
Ouvert en 1999 sur le site d'une ancienne mine de potasse, Stocamine devait accueillir 320.000 tonnes de déchets industriels dangereux non radioactifs (de classe 1 et 0), mais un incendie survenu en 2002 avait stoppé son activité.