Environ 12.000 personnes selon la police, venues de toute l'Europe, ont manifesté lundi à Strasbourg pour demander à l'Union européenne d'inscrire les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de l'Iran, sur la liste noire des "organisations terroristes". Le cortège, submergé de drapeaux iraniens, s'est mis en route en début d'après-midi en direction du Parlement européen où débute lundi la session plénière mensuelle des eurodéputés.
Demander au Parlement de s'inscrire "du bon côté de l'Histoire"
"Nous nous rassemblons pour faire entendre en Europe les femmes et les hommes iraniens et pour demander au Parlement européen de continuer à s'inscrire du bon côté de l'Histoire", a expliqué à l'AFP le député centriste du Parlement suédois Alireza Akhondi, organisateur de la manifestation. "Sans l'aide de l'Europe, sans nous pour être leur voix, il n'y aura pas de révolution en Iran", a-t-il ajouté.
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L'Iran est secoué par une vague de contestation contre le pouvoir depuis la mort, le 16 septembre, de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans, décédée trois jours après avoir été arrêtée à Téhéran par la police des mœurs pour avoir mal porté le voile islamique. Plusieurs personnes ont été condamnées à mort et exécutées en lien avec les manifestations. Leurs visages et leurs noms étaient affichés sur des pancartes de manifestants qui ont clamé à de nombreuses reprises le slogan "Femme, Vie, Liberté!", cri de ralliement des foules qui protestent actuellement en Iran.
Le long périple d'un réfugié iranien aux Pays-Bas
La présidente du Parlement européen Roberta Metsola a pris la parole à l'arrivée du cortège devant le siège de l'institution, assurant les manifestants que les eurodéputés étaient "avec eux". "Nous pousserons la communauté internationale à répondre avec force à la terreur qui a été déclenchée par le régime sur le peuple dans les rues d'Iran", a-t-elle déclaré.
Masoud Hamidifar, 38 ans, réfugié iranien aux Pays-Bas, s'est lancé le 8 janvier de La Haye, siège de la Cour pénale internationale, dans un long périple à pied qui doit le mener jusqu'à Lyon où s'est suicidé Mohammad Moradi en se jetant dans le Rhône fin décembre pour attirer l'attention sur son pays. Il a fait une pause dans son périple qui l'avait déjà mené à Bruxelles pour être présent à ce rassemblement à Strasbourg. "Nous sommes tous ensemble pour avoir une seule voix", a-t-il expliqué à l'AFP.
"On profite de notre privilège d'être des citoyens européens pour pouvoir défendre cette révolution et leur (les Iraniens et surtout les étudiants, ndlr) apporter une voix qu'ils n'ont pas", expliquent Sahar Aghakhani, 26 ans, et Aida Tavakoli, 30 ans, étudiantes franco-iraniennes qui ont créé un collectif de soutien aux manifestations en Iran. Une inscription des Gardiens de la Révolution sur la liste des organisations "terroristes", comme l'ont déjà fait les Etats-Unis, "changerait énormément de choses, à la fois économiquement et géopolitiquement", estime Sahar Aghakhani.