Trois militants écologistes, poursuivis pour "vol en réunion" après avoir brièvement décroché un portrait d'Emmanuel Macron dans une mairie du Bas-Rhin, ont été relaxés mercredi par le tribunal correctionnel de Strasbourg.
Le maire avait donné son accord
L'un des prévenus a toutefois été condamné pour s'être soustrait à un prélèvement ADN lors de son audition après le décrochage, mais le tribunal l'a dispensé de peine. Les relaxes vont à l'encontre des réquisitions, le ministère public ayant réclamé à l'encontre de ces membres du collectif "Action non-violente (ANV) Cop21" des "amendes assorties de sursis". Poursuivis pour "vol en réunion", ces militants âgés de 24, 30 et 46 ans encouraient jusqu'à cinq ans de prison.
Dans son jugement, rendu après un court délibéré, le tribunal a conclu qu'il n'y avait "pas d'élément intentionnel" puisque le maire de Kolbsheim, près de Strasbourg, avait été mis au courant du projet et avait donné son accord tacite. Les poursuites avaient été engagées par le parquet, l'élu ayant refusé de porter plainte. Les relaxes ont été bruyamment saluées par les 200 militants écologistes venus en soutien devant le tribunal.
Une action non-violente pour alerter face à l'urgence climatique
Les faits remontent au 5 mars à Kolbsheim, commune située sur le tracé du Grand contournement ouest (GCO) de Strasbourg, un projet de rocade qui suscite une forte opposition dans la région. Une quarantaine de militants s'étaient rendus à la mairie pour y décrocher le portrait du chef de l'État et se balader ensuite sur le chantier du GCO. Le portrait avait été raccroché peu de temps après, intact.
À la barre, les militants ont insisté sur la dimension non-violente de leur action, justifiée par leur souci d'alerter l'opinion face à "l'urgence climatique" et l'inaction du gouvernement. "La politique de Macron a décroché, décrochons son portrait", a lancé l'un d'eux. Leurs avocats, Mes Florence Dole et François Zind, ont plaidé la relaxe de leurs clients, des "lanceurs d'alerte" qui ont agi au nom de principes environnementaux "supérieurs" garantis par plusieurs textes internationaux et nationaux.
De nombreux décrochages de portraits d'Emmanuel Macron ont eu lieu à l'appel de "ANV Cop21". Le 12 juin, lors du premier procès de "décrocheurs", six militants avaient écopé d'amendes fermes ou avec sursis. "ANV Cop21" a fixé d'ici à la réunion du G7 fin août à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) l'objectif de 125 portraits décrochés, soit le nombre de jours nécessaires à la France en 2019 pour "dépasser son empreinte écologique".