Les parents de Marion Fraisse, une adolescente qui s'était suicidée en 2013 en laissant une lettre dénonçant le harcèlement dans son collège, ont demandé l'audition du dirigeant de l'établissement, en partie responsable à leurs yeux, a-t-on appris lundi auprès de leur avocat. Marion avait mis fin à ses jours chez elle. Dans sa lettre aux élèves de sa classe du collège Jean-Monnet, à Briis-sous-Forges, dans l'Essonne, elle disait avoir été victime d'insultes et de menaces.
Des infractions imputables au principal. Les nombreuses investigations diligentées ont confirmé "des infractions pénales imputables" notamment au principal du collège et à des membres de son équipe d'encadrement, relève Me David Père. Après deux plaintes à la gendarmerie, puis auprès du parquet d'Évry, ses parents avaient déposé plainte à Paris, cette fois avec constitution de partie civile, afin qu'un juge d'instruction se saisisse du dossier. Une information judiciaire avait été ouverte en février 2014. "Le collège souffrait d'une véritable désorganisation, au sein de laquelle plusieurs élèves faisaient l'objet de comportements violents en toute impunité", estime l'avocat. "Les obligations incombant aux personnels de l'Education nationale notamment en matière de prévention et de sécurité des élèves n'ont pu être respectées", ajoute-t-il.
"Des choses très graves au sein de nos établissements". La famille s'appuie notamment sur les témoignages de professeurs qui avaient alerté sur "les dysfonctionnements" au sein de l'établissement. "Les élèves sont livrés à eux-mêmes avec une vie scolaire qui est inefficace et inexistante", avait relaté l'un des enseignants devant les enquêteurs. "Les problèmes (rencontrés par certains jeunes, ndlr) remontés aux différents échelons n'étaient pas suivis d'effet", avait assuré un autre.
Les parents de Marion ont aussi demandé que des professeurs et des collégiens qui auraient harcelé leur fille soient entendus. "Ces nombreuses responsabilités doivent inévitablement donner lieu à des mises en examen", a déclaré la mère de Marion, Nora Fraisse. "On espère qu'elle ne sera pas morte pour rien et que son cas permettra à d'autres parents et aux institutions de prendre conscience qu'il se passe des choses très graves au sein de nos établissements scolaires", a-t-elle ajouté.