Tariq Ramadan est incarcéré depuis près d'un mois. Le 2 février, l'islamologue de 55 ans, mis en examen pour viols, était placé en détention provisoire. Une décision confirmée par la cour d'appel de Paris la semaine dernière : l'intellectuel, qui dit souffrir d'une sclérose en plaques et d'une neuropathie, a subi un examen médical concluant à un état de santé compatible avec la détention. Mais au-delà de ce résultat, la justice a retenu le risque de récidive pour refuser sa demande de remise en liberté.
"Un comportement sexuel particulièrement brutal". La décision de la cour, consultée par Europe 1, fait en effet état de la nécessité "de mettre fin à l'infraction ou prévenir son renouvellement, compte tenu du fait qu'il (Tariq Ramadan, ndlr) est mis en examen pour deux viols commis dans des circonstances comparables, dans des chambres d'hôtel, sur des victimes rencontrées par l'intermédiaire de Facebook." Henda Ayari et Christelle*, les deux plaignantes, décrivent un mode opératoire similaire et une emprise psychologique supposée que l'islamologue exerçait sur elles.
Le jugement souligne encore que "les investigations ont permis d'entendre trois autres femmes", n'ayant pas porté plainte mais "décrivant de la part de Tariq Ramadan un comportement sexuel particulièrement brutal, de telle sorte qu'il est à craindre que celui-ci renouvelle les faits de viol s'il était remis en liberté, fût-ce sous contrôle judiciaire ou assignation à résidence sous surveillance électronique."
"Empêcher une pression sur les témoins". Deux autres motifs sont retenus par la cour d'appel : la volonté "d'empêcher une pression sur les témoins ou les victimes, les deux parties civiles ayant indiqué avoir fait l'objet de menaces de la part de Tariq Ramadan", ainsi que la nécessité de "garantir le maintien de la personne mise en examen à disposition de la justice, l'intéressé étant de nationalité suisse, et enseignant en Angleterre, où résident habituellement sa femme et une de ses filles."
Les avocats de Tariq Ramadan avaient proposé que leur client remette son passeport suisse à la justice, verse une caution de 50.000 euros et soit contraint de pointer chaque jour au commissariat. Ils dénonçaient aussi des incohérences présumées dans les récits des plaignantes, et l'absence d'investigation sur des éléments présentés comme étant à décharge. Mais le temps de l'enquête, qui devrait éclairer ces aspects du dossier, l'islamologue restera incarcéré.
*Prénom d'emprunt