Des sols au taux de radioactivité aussi élevée que des déchets radioactifs. C’est le triste constat d'une étude publiée vendredi, 29 ans après la catastrophe de Tchernobyl. Selon la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad), les sols du parc national du Mercantour, dans les Alpes du Sud, présentent encore une radioactivité supérieure à la normale due à l’accident de la centrale nucléaire ukrainienne dont les retombées radioactives sont arrivées jusqu'en France.
Des retombées "particulièrement intenses". Les nouvelles mesures réalisées début juillet, dans le secteur du col de la Bonette-Restefond à la limite entre les Alpes-Maritimes et les Alpes-de-Haute-Provence, montrent ainsi que "le niveau de radiation est toujours plus de deux fois supérieur à la normale" à "un mètre du sol". Dans cette région du sud-est de la France, "les retombées avaient été particulièrement intenses", rappelle la Criirad, qui souligne avoir "mis en évidence entre 1996 et 1998, de très fortes contaminations des sols dans le Mercantour".
Des valeurs jusqu’à 100 fois supérieures au niveau naturel. La Criirad, qui indique avoir ramené dans son laboratoire, en caisson plombé, des échantillons de sol, assure que le fait de "bivouaquer deux heures sur certaines de ces zones induit une exposition non négligeable". "Les niveaux de radiation au contact du sol dépassent toujours, sur les zones d'accumulation, des valeurs plusieurs dizaines de fois voire plus de 100 fois supérieures au niveau naturel", constate ainsi l'organisme de recherche. Et d'insister sur le fait que ces échantillons de sol "doivent être considérés comme des déchets radioactifs et devront être confiés à l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra)".
Face à cette situation alarmante, l'organisme indépendant rappelle avoir interpellé à plusieurs reprises les autorités sanitaires françaises "pour que les secteurs les plus radioactifs soient dépollués, ou tout au moins balisés, pour éviter des expositions inutiles". Mais, "force est de constater que la situation n'a guère évolué sur le terrain", déplore la Criirad.