Dans les collèges et les lycées, une plus grande place est allouée au numérique. L’utilisation des tablettes tactiles notamment se développe sous l’impulsion des collectivités territoriales. Pourtant, le bilan semble pour l'heure mitigé. À Marseille, le professeur de français Jérôme Carozzi est un des quatre référents numérique du lycée Saint-Charles, un établissement que l'enseignant présente comme pionnier dans le développement du numérique dans les Bouches-du-Rhône.
"On n'est pas tous logés à la même enseigne"
Au quotidien néanmoins, le professeur, bien que volontaire, déchante face aux tablettes. "L’aspect technique ne suit pas. On a depuis de nombreuses années d’énormes problèmes", explique-t-il. "C’est une galère pour charger les manuels scolaire. Certains passent, d’autres non. Souvent elles buggent" continue-t-il. Au final, Jérôme Carozzi abandonne : "Techniquement, c’est un enfer. Et très rapidement, c’est l’abandon, on revient à des photocopies".
Au lycée professionnel l’Estaque, dans le nord de la ville, Nicolas Voisin est professeur de Lettres et d’Histoire. Également secrétaire académique du syndicat Snuep-FSU, il constate que le développement du digital est aussi révélateur des inégalités sociales. "On n'est pas tous logés à la même enseigne dans les familles", précise Nicolas Voisin. "On ne peut pas demander la même chose à tous les élèves, parce que certains ne pourront pas imprimer, certains n’ont pas internet, ou certains n’ont pas de PC personnel à la maison."
Pourtant, ces deux enseignants sont d’accord sur un point : sur le papier, le numérique a du bon. Même son de cloche pour la présidente du mouvement des parents d’élèves MPE 13, Séverine Gil : "le numérique a ses avantages du partage de fichier, l’avantage pour les enfants en situation de handicap pour qui le support numérique est plus facile que l’écrit. Et il y a les cartables moins lourds. Mais il y a plein d’autres choses qu’il faut garder pour développer la créativité". Et attention, conclut-elle, à la tentation du "tout-numérique".