>> Un jour de février 2011, Jonathan Destin, 16 ans, a décidé d'en finir. Il subissait depuis six ans les moqueries, les brimades, les violences physiques et le racket de ses camarades, du CM2 au lycée. Épuisé, à bout, l'adolescent a acheté un litre d'alcool à brûler, l'a répandu sur ses vêtements et y a mis le feu. Brûlé à 72%, il a survécu à deux mois de coma, et vingt opérations. Jonathan a aujourd'hui 23 ans, et lutte au sein de son association contre le harcèlement scolaire. Son histoire, narrée dans le téléfilm de TF1 Le jour où j'ai brûlé mon cœur, il l'a aussi racontée à Wendy Bouchard, jeudi sur Europe 1.
"J'ai été harcelé pendant six ans à l'école, de mes 10 ans à mes 16 ans. J'ai aussi subi du racket à la sortie de l'école.
Ça a commencé par des petites choses en CM2, des gros mots sur mon physique, sur mon apparence. Au début, je n'y faisais pas trop attention. Puis quand je suis rentré en 6ème, c'est devenu de plus en plus fort. C'était des gros mots sur mon nom de famille. On me disait : 'c'est ton destin d'être nul, d'être gros'. Puis les coups ont commencé. À chaque fois que je me coupais les cheveux, je me prenais une tape dans la tête. Je ne savais même pas pourquoi.
Au départ, quand une personne me harcelait, je faisais tout pour ne pas être remarqué. Je me cachais dans les cages d'escaliers aux récréations, ou dans les toilettes. La plupart du temps, j'essayais d'être près des professeurs. J'avais tellement peur d'aller en récréation, car je me faisais traiter de tous les noms et je me faisais tabasser.
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J'étais dyslexique, et avec le harcèlement en plus, ce n'était vraiment pas évident d'apprendre les cours. J'allais à l'école pour souffrir. Mes parents me posaient des questions sur les notes, sur ce qu'on avait fait en classe, sur les devoirs. J'en ai parlé une fois à une de mes sœurs, mais le lendemain j'ai eu les représailles. Ils m'ont tapé de plus en plus fort. Du coup, je n'osais plus parler à personne. C'était très dur.
Au début, une ou deux personnes dans la classe me harcelaient. Puis ensuite, comme ils voyaient que je ne réagissais pas, ça pouvait être toute la classe. En cours de sport par exemple, il n'y avait aucun professeur ou surveillant dans les vestiaires. On est seul face à la classe.
Les professeurs n'ont pas réagi, il ne voyait pas l'ampleur du phénomène. Quand je revois des professeurs aujourd'hui, certains ne savent même pas ce qu'est le harcèlement. Le lycée n'a jamais reconnu ces faits.
Mes racketteurs me menaçaient de mort, me disaient qu'ils allaient faire du mal à mes parents. Les harceleurs me traitaient de gros porc, me disaient que je ne servais à rien, et, à force, j'y croyais. Le suicide est devenu une obsession. La douleur que je vivais tous les jours à l'école ne pouvait pas être pire que la douleur de mourir."
"Charlie, je le comprends"
Mercredi, une vidéo déchirante a été diffusée sur les réseaux sociaux, dans laquelle un petit garçon de 7 ans prénommé Charlie, raconte, en sanglots, le calvaire que lui inflige un camarade de classe. Charlie dit être frappé quotidiennement, et que son harceleur s'en prend désormais à son frère. Charlie dit vouloir "rejoindre le Bon Dieu" pour ne plus souffrir.
"Charlie, je le comprends, parce que c'est ce que j'ai vécu, c'est ce que j'avais dans la tête", a réagi Jonathan Destin, jeudi sur Europe 1.