Tiana, 29 ans, se sentait différente des autres élèves de son collège. Elle ressentait des difficultés à trouver sa place et à s'ouvrir aux autres. Des troubles schizophréniques lui ont été diagnostiqués lorsqu'elle avait 17 ou 18 ans. "J'avais entendu des choses pas terribles sur ce sujet et je me suis dit : 'Je ne peux pas être une personne comme ça.' Pour moi, cette maladie voulait dire que l'on était dangereux", confie-t-elle à Olivier Delacroix sur Europe 1.
"Au collège, je me repliais sur moi-même et je n'allais pas vers le contact des autres parce que ça me faisait peur. Je ne me trouvais pas à ma place. Ça m'inquiétait et je me demandais comment j'allais faire pour trouver ma place. Quand j'avais 9 ou 10 ans, je consultais déjà quelqu'un. On m'a dit que j'étais en dépression. Je ne comprenais pas ce qui m'arrivait, je ne comprenais pas ce que ça voulait dire et je ne savais pas comment gérer ce mot-là.
À l'époque, j'étais passée par l'homéopathie, ça ne marchait pas. Après, on m'a donné des antidépresseurs pour aller mieux. Au début, je ne comprenais pas pourquoi il fallait prendre un traitement et après on m'a expliqué avec des mots simples qu'il fallait que je le prenne pour aller mieux. Quand j'étais au collège-lycée, j'ai compris que les antidépresseurs ne marchaient pas et qu'il y avait quelque chose d'autre. Je me trouvais étrange comparée aux autres. Je n'en parlais pas forcément. Au lieu de parler, je faisais des choses qui me mettaient en danger. C'était comme un signal d'alarme.
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"Au début, ça m'a fait peur"
Je devais avoir 17 ou 18 ans lorsque l'on m'a diagnostiqué des troubles schizophréniques. J'avais des angoisses, j'avais des idées noires et des voix qui me parlaient dans ma tête. Au début, ça m'a fait peur. J'avais entendu des choses pas terribles sur ce sujet et je me suis dit : 'Je ne peux pas être une personne comme ça.' Pour moi, cette maladie voulait dire que l'on était dangereux.
Au départ, je refusais de me soigner, de prendre le traitement. Au fur et à mesure, en discutant avec mes infirmiers, j'ai pris conscience qu'il fallait prendre un traitement, se soigner pour aller vers la stabilisation. Je me suis pas mal documentée sur la maladie pour comprendre, pour faire un cheminement afin d'accepter la maladie.
"La musique m'apaise énormément"
Aujourd'hui, je me soigne. Je me sens plus apaisée et plus ouverte aux autres. À une période j'ai arrêté. Je m'étais dit : 'Je n'ai plus de symptômes, tout va bien.' Et en rediscutant avec mon psychiatre, il m'a dit de ne surtout pas arrêter, même s'il n'y a plus de symptômes, il faut continuer à prendre le traitement pour stabiliser encore plus la maladie.
La musique m'apaise énormément. Ça me calme et ça me permet d'écrire des textes sur la maladie, m'échapper un peu de tout ça. Je sors, je vais à des concerts, je suis bénévole pour des concerts. Je vois quelques amis et je vais aussi au SAVS (Service d'accompagnement à la vie sociale)."
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L'avis de Nicolas Franck, psychiatre :
"La schizophrénie est une maladie à laquelle on a associé des représentations assez terribles, comme la violence. Les gens ont tendance à s'approprier cette représentation et à se dire que s'ils ont une schizophrénie, c'est sûrement qu'ils sont violents, qu'ils sont incapables, qu'ils ne pourront pas travailler. C'est tellement terrible qu'on préfère le mettre de côté, le nier, ne pas le voir, ne pas s'informer.
Ça reste quelque chose de très mystérieux qui ne fait pas partie de la culture générale. Il faut vraiment que les gens sachent ce que c'est. La stigmatisation, les gens se la sont appropriée, c'est ce qu'on appelle l'auto-stigmatisation. Quelqu'un qui reçoit un diagnostic de schizophrénie se sent incapable de réussir sa vie parce que, de fait, il porte et s'approprie les stéréotypes de la société. C'est contre ça qu'il faut lutter. Il faut permettre aux personnes de se détacher de cette image de la maladie, de ne plus se définir par la maladie."